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L'internationale

L’Internationale

 

Greenwich. Novembre 2016.

Tout le monde est crevé après cette journée harassante partagée entre le coeur de Londres et notre excursion au Méridien de Greenwich. Les enfants ont réussi à se trouver une place assise dans le métro.

Cet homme à quelques pas de moi aurait bien voulu aussi je suppose. Il n’arrive pas à tenir debout. Non pas qu’il soit saoul mais le machiniste n’est pas la douceur incarnée… Les arrêts en station sont si brusques qu’ils nous donnent la sensation d’être une troupe de soldats, bélier à la main, s’acharnant en vain à enfoncer les portes d’un château fort. Les démarrages sont tout aussi agressifs et il est difficile de ne pas poser genou à terre !

Le bonhomme au journal bataille depuis qu’il est monté dans la rame pour trouver un point d’accroche satisfaisant… Ça m’amuse ! Je vais tenter une photo. 

Clic ! La poignée des places assises vient de lui glisser entre les mains… Mais j’ai raté mon coup, le wagon bouge pour moi aussi ! 

Clac ! Il s’est loupé en voulant attraper le poteau vertical ; et pour ne pas tomber, il s’est rué tant bien que mal sur le jeune homme à côté de lui !

Vraiment marrant, ils ont failli y passer tous les deux !

Mais à cause des assauts incessants du métro, il n’y a toujours rien d’intéressant dans mon boîtier ! Grrrrrr ! 

Si je veux arriver à quelque chose, il va falloir que je me cale contre la vitre pour faire corps avec l’engin… qui soudainement ralentit et devient plus fluide, et plus stable aussi.

Profitant de cette trêve, le gars saute sur l’occasion ! Il saisit l’arc métallique au-dessus de lui et trouve enfin le repos du guerrier ou au moins l’équilibre ! Et moi, j’ai foiré mon image… Mais quand je vois le bras de la grue du building en arrière plan faisant l’ombre de son point levé, l’Internationale s’entonne dans ma tête « C'est la lutte finale » pour lui… Et pour pour moi également ! Je shoote !



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La seconde

La seconde

 

Rome. Août 2016.

Je bénis ma collègue qui m’a donné cette adresse ! Je bois un verre chez Freni e Frizioni *, un bar branché qui porte un nom étrange mais dont le décor fait fi de toutes les conventions, un lieu où la cuisine apéritive est simple et savoureuse. Ça me plait !

D’autant plus que je suis dans mon élément. Je pense à ma merveilleuse journée de balade dans la capitale italienne, je suis plus que satisfait de ce moment de détente vespéral bien mérité et heureux d’être doublement bien accompagné par mon amoureuse et… Jack ! En plus, ici, ça grouille de tous ces gens aux histoires éphémères, des histoires d’un soir qu’ils vont me raconter sans le savoir, des histoires que je vais m’inventer !

Derrière nous, le couple ne va pas rester longtemps. Lui a envie d’un peu plus qu’un verre… Je suis persuadé qu’il a emmené sa demoiselle là juste par « obligation », ou plutôt pour se donner bonne conscience avant quelques propositions coquines. À peine la commande arrivée, il lui dit être fatigué et propose de la ramener chez elle pas trop tard. On verra si je me trompe...

À la grande table d’à côté, le roman va se jouer en plusieurs tomes et mal se terminer. 8 nanas, 3 gars, un trio composé par 2 gays et un mec déjà bourré avant même de s’asseoir. Comme ses deux potes sont homos et qu’il est saoul, il est persuadé d’avoir toutes ses chances avec la grande blonde ou la petite brune (peut-être même les deux !). Très bon goût. Mais je suis persuadé qu’il perdra sur les deux fronts. La petite lui rira gentiment au nez, la grande lui sortira la tirade « Ça me touche beaucoup mais je te vois comme un ami depuis toujours et blablabla… »

Presque en face de nous… Je ne sais pas… Intéressant ! Ils sont passés de 5 à 2 après avoir consommé. Les épaules dénudées montrent des signes comportementaux flagrants d’intérêt pour le barbu chauve (ha, les barbus chauves !). Quant à lui, il est, ou joue son timide ? Ils sont enfin seuls sur le canapé, sans alcool, et se sont finalement décidés à échanger quelques paroles. Joker ! Je suis curieux de voir la suite !

Tiens ! L’impatient de derrière vient de lui demander pour la seconde fois si elle tenait le coup. Elle va craquer. J’en suis sûr 

Le gars bourré a réussi à emmener ses deux proies fumer une cigarette. Pas mal bonhomme !!! Dommage que tes difficultés à tenir debout soient si manifestes…

Le chauve essaie de se décontracté en… Monopolisant la parole ! Et les épaules n’arrêtent pas de…

… C’est bon ! Dans mon dos elle a craqué après les nombreux bâillements de l’excité. Il paye et la raccompagne. Je considère qu’il a fait le plus dur et qu’il sera beaucoup moins crevé arrivé devant la porte de chez elle ! Je le leur souhaite en tout cas.

… Et les épaules nues n’arrêtent pas de plonger son regard dans celui du chauve chaque fois qu’il prend un air sérieux, et de rire à chaque blague qu’il raconte ! Et femme qui rit… Non, balivernes, il en faut plus que ça.

Ha ! Notre alcoolisé s’est lancé et la petite… S’est marrée gentiment en lui disant non. Gagné !

Il n’y a pas que les épaules qui se veulent nues. Elle est sous le charme. Et lui continue de papoter comme à un after d’une réunion Tupperware ! Houhou ! Réveille toi ! Tu ne vois pas qu’elle boit tes paroles et te regarde comme le nouveau Brad Pitt ! Et en plus …

Houchhhh ! Notre ivrogne vient de se faire rembarrer par la grande qui l’a également pris à la rigolade ! C'est con, j'ai perdu sur la forme ! Et lui sur le fond… Et les deux fronts !

… Et en plus, elle en est au point de faire du mimétisme « aggravé » : le petit doigt dans la bouche est évoquant. Mais lui reste lymphatique… J’ai envie de le secouer ! « On est chez Freni e Frizioni ! Plutôt que de mettre les deux pieds sur le frein, embraye et passe la seconde ! ». Mais je préfère ne pas l’attendre, je shoote !

 

* Traduction : Freins et embrayages



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To stand the Gheto

To stand the Gheto

 

Venise. Août 2016.

Je me balade dans le Cannaregio, le quartier juif de Venise. C'est juste magnifique… Devant la beauté du lieu, il est difficile d’imaginer que cet endroit porte le nom de « Gheto ». D’autant plus difficile quand tu sais que la signification actuelle du mot puise ses origines ici ! Et pour ceux qui se targuent d’avoir trouvé la faute d’orthographe de ces dernières décennies, est-il utile de rappeler qu’il y a quelques siècles, dans un souci de « vénétianiser » les noms, la municipalité de Venise, s'est fait un point d’orgue à supprimer les doubles consonnes ? Je m’égare…

… Si bien que, me voilà dans une de ces venelles, dont seule la Sérénissime a le secret. Attiré par l’ombre d’un lampadaire qui décore majestueusement le sol, je m’engouffre dans l’étroite ruelle. Tagué, que dis-je, gravé sur le mur d’une des bâtisses autour de moi, un « CIAO » domine d’autres sgraffites, disons… Plus contemporains. C'est parfait pour ramener un souvenir !

Je pose mon cadre et j’attends un badaud pour donner un peu de vie à cette photo… Le temps s’écoule tout doucement… Personne. Ha, un couple passe le petit carrefour un peu plus loin. J’appuie sur le déclencheur en sachant que je ne la garderai pas… Je veux quelque chose d’épuré… Comment dire ? Je ne veux, moi aussi, qu’un seul « t » à ma photo ! C'est au tour d’un groupe de touristes… Je ne fais même pas l’effort de faire le cliché.

Après quelques minutes, j’entends quelqu'un arriver. Je retiens mon souffle… Elle est jolie vue d’ici. La transparence de sa robe n’enlève rien à son charme… Et contrairement à ce que dit la chanson de Lavilliers, ici, it isn’t so hard to stand the gheto ! Je shoote !



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Providence

Providence

 

Vatican. Août 2016.

Je suis dans la basilique Saint-Pierre et me dirige doucement vers le Dôme et le baldaquin. 

Doucement, pour prendre le temps d’admirer les chefs d’oeuvre du Saint Lieu… Mais aussi parce que la foule impressionnante de visiteurs m’empêche d’aller plus vite ! Pourtant, la nef est immense… Mais elle est aujourd'hui occupée par une procession de pèlerins. 

Pendant que je m’approche pour faire quelques photos, je me dis que ça va être facile car j’ai souvent constaté que, paradoxalement, plus il y a de monde, moins l’on prête attention à toi ! Et aujourd’hui il y en a du monde ! Petits et grands, hommes et femmes. C’est parfait ! 

Ils portent une croix qui me parait immense. Je cadre et les prends de face, portant le symbole du Christ… Mais ça ne me plait pas !

Et en plus, j’ai été repéré. La plupart d’entre eux me regarde. J’ai l’impression de faire une photo de famille posée ! Beurk ! 

Je vais un peu plus loin, essaie tant bien que mal de me faire plus discret et je recommence… Et eux aussi ! Je suis observé de toutes parts. 

Grrrrrrrrr ! Okay, l’athée que je suis veut bien faire l’effort de croire qu’ici, au Vatican, je suis sous l’oeil omniscient du Tout Puissant, mais pas de ses brebis égarées tout de même ! Je ne vais pas en rester là, je suis plus malin que ça !… Enfin, j’espère…

Je prends encore de l’avance sur le cortège et décide de cadrer de façon à ce que ces empêcheurs de tourner en rond soient… De dos ! Oui, je sais, c'est un peu facile comme stratégie mais je veux cette photo !

Je me retourne discrètement car j’attends que les porteurs de croix entrent dans l’image. Et bizarrement, je me sens toujours… Espionné… Ils arrivent… Epié même… Je ne crois pourtant pas avoir été repéré cette fois-ci… Les voilà ! Je plonge dans mon viseur et je sh… Non, car je vois cette dame qui me fixe avec insistance… Et tant mieux : ça donne à ma composition un joli point d’accroche quelque peu inattendu… Une providence… Pardon, l’Oeil de la Providence ! Je shoote !



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Ulysse

Ulysse.

 

Venise. Août 2016.

Ha ! Les venelles de Venise ! Un régal pour les yeux ! À voir bien sûr mais aussi à vivre ! Pourquoi ? Parce que si tu es patient, il en sort toujours un petit bonheur, un petit plaisir fortuit.

Et c'est ce que je fais, je patiente devant l’une d’elles, l’oeil dans le viseur, attendant le moment magique… Il y a bien je ne sais quel gamin qui va surgir au bout de la rue. Ou un gondolier égaré avec sa rame de plus de 4 mètres sur l’épaule qui va tenter de se frayer un passage. Ou un personnage étrange qui se cache derrière un masque vénitien. Ou…

Wouhaooou ! Elle vient juste de passer devant l’appareil photo. Se faufilant silencieusement dans le couloir infini, elle avance lentement, sereinement même. Elle lève la tête pour regarder le haut des bâtisses qui l’entourent, s’éloigne vers le porche. Elle est jolie… Je ne vois pas encore son visage mais je sais qu’elle est jolie. Attirante aussi… J’espère qu’elle va prendre son temps avant de disparaître. Il est trop tard pour déclencher, elle est loin maintenant mais, peu importe, ma patience a payé, je garderai ce moment pour moi… et non !!!

Elle fait demi tour ! Mon jour de chance ! Elle prend toujours son temps… Elle est ailleurs et se croit seule. À quelques mètres de moi, elle m’aperçoit enfin. Et moi, enfin, je la découvre toute entière… Je ne m’étais pas trompé, elle est magnifique. Il faut que je me hâte : gênée d’être dans le champs de l’objectif, elle accélère et me couvre au passage de son plus beau sourire comme pour s’excuser. Je me sens comme Ulysse, je lutte contre l’enchantement de cette petite sirène et, avant qu’elle ne plonge à jamais dans l’océan de mes pensées, je shoote !



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Mais moi, si !

Mais moi, SI !

 

Murano. Août 2016.

 

Sur l'île de Murano, comme à Venise, il y a du linge aux fenêtres et je trouve ça joli ! Je reconnais que pour donner un peu de vie à mes images, les vêtements qui sèchent ce n’est pas génial… Mais je suis têtu, donc je continue à les photographier !

Aujourd'hui, c'est la première fois que je vois du blanc pendu à hauteur d'homme. C’est parfait ! Voilà une chance d'avoir dans mon viseur quelques êtres humains ! Je pose donc mon cadre avec, au premier plan, ces rideaux, et j'attends qu'un passant surgisse de la venelle de droite…

En voilà un ! - CLIC - Je regarde l'écran de mon appareil. Mouais, pas terrible... Disons que… c'est juste un gars avec du linge quoi ! 

Je remets mon œil dans le viseur. Je suis sûr d'y arriver : de là où je suis, les gens qui viennent peuvent difficilement me voir ! J'entends des pas… Et - CLIC - Une autre dans la boîte ! Boooof ! Cette fois-ci, ben … c'est juste une nana avec du linge quoi, … Grrrrrr ! » Allez, une dernière fois et j'y vais.

Quelqu'un approche ! "Après un homme puis une femme, qui vais-je voir apparaitre ? Un môme ? Inutile si c’est pour avoir juste un gamin avec du linge quoi ! … Et non ! Ce bonhomme sort de la rue mais à la différence de ses prédécesseurs, il m'a repéré ! Et à bien y réfléchir c'est mieux comme ça ! Il me fustige du regard, il n'est visiblement pas content d'être sur la photo… Mais moi, SI ! Je shoote !



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Et le sourire de la crémière.

Et le sourire de la crémière.

 

Rome. Août 2016.

Il fait beau dans la Ville Eternelle. Il fait chaud aussi. J'arpente les rues de la capitale italienne le cœur léger et la tête dans les nuages qu'il n'y a pas. J'ai la chance, en plus, de me consacrer à mon passe-temps favori, raconter des histoires avec mon appareil photo. Et comme on ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre, que demander de plus ?!

 Une fille vêtue de blanc peut-être ? Oui, j'adore les gens qui portent cette couleur car ça créé du contraste sur mes images. Et je préfère quand ce sont des femmes… Mais là, c'est juste parce que je ne suis qu'un homme !... Et quand on parle de la louve (je suis à Rome, je peux me permettre !)…

 … Plus loin, face à moi, je vois une de ces demoiselles, paradigme parfait du souhait à l'instant exaucé. Et pour cause, c'est une jeune mariée ! Quelle aubaine !

 J'accélère pour m'en approcher. Quelques pas nous séparent quand nos regards se croisent. Elle est vraiment mignonne ! Elle me sourit… Que du bonheur ! Devant la petite allée que nous avons l'intention d'emprunter, je la laisse passer, elle et le veinard qui l'accompagne. Et quand elle me tourne le dos, j'en profite pour mettre mon œil dans le viseur…

 Je suis prêt à appuyer sur le déclencheur, content de faire mentir l'adage : il fait beau - j'ai le beurre - une jolie nana à la robe immaculée – l'argent du beurre – et… La lumière zénithale qui accentue la transparence de sa tenue nous dévoilant ainsi ses sous-vêtements – la culotte de la mariée ! Pardon, le sourire de la crémière… Je shoote !

 



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L'institution

L’Institution.

 

Rome. Août 2016.

J’adore ceux que j’appelle les dormeurs des lieux publics ! Ceux qui improvisent une sieste sur un banc, à l’ombre d’un arbre dans un parc, par terre sur le bitume ou dans n’importe quel autre lieu improbable.

J’aime l’idée de pouvoir encore prendre du plaisir à faire une chose si simple et naturelle, un passe-temps accessible à tous… et totalement gratuit.

J’aime surtout voir qu’il est encore envisageable pour certains d’entre nous de s’accepter vulnérables au point de se laisser tomber n’importe où dans les bras de Morphée.

Dans ce monde de brutes où la folie des hommes nous pousse sans cesse dans la méfiance, j’aime les dormeurs des lieux publics parce qu’ils représentent, à mes yeux, la quintessence de l’insouciance.

Je ne suis pas très loin du Colisée et je profite du soleil, de ce quartier sympa de Rome où les gens se laissent porter par la dolce vita. Les uns discutent de la pluie et du beau temps, pardon, juste du beau temps, je n’ai pas encore vu de pluie depuis mon arrivée ; d’autres se délectent de ces délicieuses glaces que l’on trouve dans le sud de l’Italie ; les assoiffés se désaltèrent à la terrasse d’un café devant une orange pressée ou, pour les plus intrépides, un Spritz bien frais…

C'est au détour d’une petite rue prise au hasard que j’ai découvert mon dormeur. Paisible… Les lunettes de soleil dans sa main sont le seul signe apparent que tous les muscles de son corps ne sont pas inactifs…

Je cadre, tranquillement. Ce n’est pas lui qui va m’en empêcher… Je m’amuse de le voir affalé sur le pas de cette porte comme si l’immeuble tout entier était sien ! Normal, ici, la sieste est un droit souvent réservé au patriarche, au maître des lieux. Ici, celui qui fait la sieste est un peu le maître du Monde, de Son monde. Ici, la sieste est une Institution. Je shoote !



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Une histoire de queues

Une histoire de queues.

 

Rome. Août 2016.

La Ville Eternelle… Ses églises, ses vieilles pierres et… Ses fontaines ! Il y en a PAR-TOUT ! Avec cette chaleur, tout le monde y vient pour se désaltérer. Et je me suis mis au défi de ramener une belle photo de l’une d’entre elles. Le genre de clichés que ramènent tous les touristes ! Comme quoi, il ne faut jamais dire « Fontaine… ».

Mais jusqu'à présent, ce n’est pas terrible. J’ai bien essayer le cliché du môme qui joue à s’asperger d'eau devant ses parents amusés, celui des gens à la que leu leu qui attendent patiemment leur tour comme au guichet de la poste ou encore celui,  cocasse, du militaire arme au poing qui se rafraîchit ; mais je ne suis décidément pas satisfait… Je reste déçu, la queue basse…

Et quand on parle du loup… Je passe dans une jolie petite rue où l’un de ces points d’eau attire mon regard. Je cadre et j’attends qu’il se passe quelque chose… Je sais, compter sur ma bonne étoile pour pallier à mes nombreux échecs c'est un peu tirer le diable par la queue mais on ne sait jamais !

Quand je vois cet homme et son chien s’approcher, je me dis que je tiens le bon bout. Mais… Grrrrrrrr ! Je n’ai pas de bol, ils se postent juste devant l’objet de mes convoitises ! Décidément, cette histoire devient celle du serpent qui se mord la queue.

Je reste tout de même l’oeil dans le viseur. Et j’ai bien fait ! L’homme se penche pour boire un coup et son chien se place juste en dessous pour laper les éclaboussures de son maître, l’appendice caudal bien relevé. Je trouve la scène rigolote et me dis que, même si je n’aurais toujours pas de fontaine dans mes souvenirs photographiques, je ne reviendrai pas à Paris la queue entre les jambes ! Je shoote !



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Au pays des Droits de l'Homme !

Au pays des droits de l’Homme !

English version

 

Paris. Juin 2016.

Je suis sur la place du Trocadero. Il y a des travaux et une palissade en bois a été dressée. Une ouverture grillagée sur ce mur de fortune donne une vue sur la Tour Eiffel. Devant, mon fils Ugo admire la Dame de Fer décorée pour l'Euro 2016 d'un ballon de foot géant.

Collées à proximité de la fenêtre, des affichettes titrées "The human rights fondation needs your urgent support"... attirent mon regard. C’est peu dire !

Les médias sont focalisés sur l'évènement sportif qui rapporte des millions d'euros et rameute les foules mais, comme d'habitude, on ne fait pas autant de vacarme sur ce qui se passe tous les jours ou presque sur Terre et dont tout le monde semble se foutre éperdument !

Les 3500 civils tués en Afghanistan lors du conflit armé, les 1500 bonnes âmes qui meurent chaque semaine dans les camps de personnes dites déplacées en Ouganda. Oui, chaque semaine... Toujours en Ouganda, 20000 enfants ont été enlevés ces 20 dernières années pour être enrôlés comme soldats ou esclaves sexuels. Et le Japon qui est si "friand" de femmes et de gamins en provenance des Philippines et de Thaïlande pour alimenter leur commerce de la prostitution. Je pense aussi au trafic de mômes en Guinée-Bissau, au Ghana ou ailleurs qu'on envoie travailler dans les champs de coton ou je ne sais où. Certains ont à peine 5 ans...

Et plus proche de chez moi, je suis hanté par Charlie Hebdo et les attentats du 13/11... Ça me terrifie... Nous sommes juste à côté de la "Fan Zone" dont j'ai interdit l'accès à mon ado pour aller voir un match tellement je flippe. Je sais, c'est con. Mais j'ai promis à sa mère quelques heures avant sa mort de tout faire pour le protéger. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a dans ce monde pour le moins "à la dérive »... J'arrête mes pensées qui ne mènent à rien.

Ugo s'en va, à travers la fenêtre la vue est... Libre ! Et quand je vois la scène dans mon viseur, je me dis "Tu m'étonnes que la Fondation a besoin de notre soutien : au Pays des Droits de l'Homme on peut même voir la Tour Eiffel derrière les barreaux !"... Je shoote !

In The Human Rights Land !

 

Paris. June 2016.

I am at Trocadero Place.There is some works , a wooden construction hoarding has been arised. A barred opening offers a view on the Eiffel Tower. Facing it, my son Ugo admires the Iron Lady decorated with a giant soccer ball for the UEFA Euro 2016.

Stuck next to the opening, some little posters titled "The human rights foundation needs your urgent support"… catch my eye. To say the least !

The media focus on sport events generating millions of euros and mobilize mob, but as usual, we don't make so much fuss about what's going on earth everyday. Who cares ?!

3500 civilians killed in Afghanistan in armed conflicts, the 1500 good souls dying every week in Ouganda's camps of displaced personns. yes , every week… Still in Ouganda 20 000 children have been kidnapped these past 20 years to be enlisted as soldier or sex slave. And Japan so find of women and kids from Philippines or Thailand to feed their sex business.

I'm thinking about the kid trafficking in Guinea Bissau, Ghana or anywhere else, kids sent to work in the cotton fields or somewhere else. Some of them are barely 5 years old.

And closer to me, I'm haunted by Charlie Hebdo and the events of 13 november...This terrifies me... We are just by the FanZone, I have not allowed my son to go to, I'm far to afraid. I know, it's stupid. I promised his mum few hours before she died to do my best to protect him. We do what we can with what we got in this world going to the dogs. I stop brooding, it doesn't lead me anywhere...

Ugo is leaving and now the sight from the opening is ....Free ! When I see the scene through my viewfinder, I think to myself "You bet the foundation needs our urgent support : In The Human Rights Land we can even see The Eiffel Tower behind bars !"  I shoot !

 

Translation : KMO



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Le padawan

Le padawan

 

Paris. Avril 2016.

Je fume sur mon balcon. Les enfants jouent calmement à l'intérieur. Il fait bon pour la première fois depuis des jours et un brin de soleil vient même égayer ce moment. Tout y est pour s'évader un peu en ce début de week-end ! ♪♫♬ Ta ta ta ta tata ta tata  ♪♫♬ J'entends même un air de piano pour accompagner ma pause !

Je ne me tourne pas. Je suppose que c'est Corto, le créatif du groupe, Corto le persévérant, Corto le perfectionniste qui s'est assis une fois de plus, devant l'instrument installé dans le salon pour s'essayer à la musique. Cette envie lui a pris il y a quelques temps. Un copain lui a montré deux trois trucs et depuis, il n'arrête pas de s'entraîner, cherchant de nouveaux airs pour impressionner tout le monde. A Star is born ! Ou presque… Quelques fausses notes accompagnent la mélodie. Mais bon, ça doit faire à peine dix fois qu'il en joue et je le trouve déjà très doué !

"Carlo ! Regarde-moi !". Sa petite sœur de 5 ans étant déjà subjugué par son talent, il me hèle depuis sa place pour avoir un fan de plus. Je me retourne. ♪♫♬ Ta ta ta ta tata ta tata  ♪♫♬ "T'as reconnu ?". A vrai dire, au lieu d'écouter j'étais entrain de regarder...et je voyais à travers la fenêtre un enfant aux allures de jeune prodige devant un piano, des reflets sublimes plongé dans une galaxie lointaine, très lointaine ! "Non Corto, continue, je reviens." Je cours chercher mon appareil photo.

Je cadre. ♪♫♬ Ta ta ta ta tata ta tata  ♪♫♬ Ce n'est ni du Chopin ni du Mozart mais on dirait… ♪♫♬ Ta ta ta ta tata ta tata  ♪♫♬ … "Et là t'as reconnu ?". Je n'ai pas le temps de répondre qu'il râle déjà en me fustigeant du regard et en haussant le ton. "Calme toi Corto, ne te laisse pas envahir par la haine. Recommence s'il te plait". Il pose de nouveau ses mains sur le clavier… Se concentre… ♪♫♬ Ta ta ta ta tata ta tata  ♪♫♬ Bien sûr que j'ai reconnu ! Il est en train de jouer "La marche impériale" qui accompagne chaque arrivée de Dark Vador dans Star Wars ! Ce jeune padawan me fait sourire. Je shoote !




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Revolución !

Revolución !

 

Paris. Mars 2016.

Le métro est vide, ou presque. L’un de mes passe-temps favoris dans les transports en commun (celui qui consiste à observer les gens qui m’entourent et m’inventer des histoires à leur sujet) ne trouve pas réellement de sens… Grrrrrrrr ! 

Qu’à cela ne tienne, je sors mon appareil photo et décide de faire quelques clichés à travers la vitre quand le wagon arrive en station. Mouais… Après quelques essais, je dois m’avouer que ce n’est pas terrible… Quand le métro quitte l’un des nombreux quais que nous avons croisés, je m’aperçois qu’en quittant la lumière pour entrer dans le noir des tunnels, des mondes parallèles se créent dans le reflet des carreaux. Et comme d’habitude, j’adore être transporté au delà des frontières qui séparent le réel de l’imaginaire. Je porte de nouveau mon viseur à l’oeil.

Je fais quelques photos de cette dame qui, tête baissée, doit lire, écrire un sms, ou dormir ? Ca n’a pas d’importance, je trouve qu’il manque quelque chose à cet univers... Mon esprit est loin et il me reste peu de temps avant d’arriver à destination et de devoir redescendre sur Terre… Le train entre une fois encore dans l’obscurité, je le laisse avec plaisir m’emmener à nouveau ailleurs … et c’est là que mystérieusement, cet homme à la casquette, apparait dans mon cadre. Il vient de nulle part. Il semble inquiet, sur ses gardes. Je ne sais pas pourquoi, mais son visage et son expression me font penser à Che Guevara ! Je m’interroge sur la naissance de ce délire visuel… mais pas longtemps : cette présence apporte le plus que j’attendais à mon histoire… La révolution que j’espérais dans cet entre-deux mondes apaisant. Révolution pacifiste, hein ?… Je shoote !



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That sounds like... New-York City

That sounds like... New-York City !

 

New-York. Avril 2015.

Je me balade au coeur de Manhattan. Malgré le soleil couché, la lumière diffusée par les innombrables panneaux publicitaires est si dense et les badauds croisés si nombreux à cette heure pourtant tardive que j’en ai perdu la notion du temps…

… et des réalités ! A tel point que j’ai l’impression de vivre dans le clip « New-York City » de Lenny Kravitz.

Un voyage dans les rues de la Big Apple guidé par le hasard des rencontres. Je me sens bien, je suis HEU-REUX ! « She is my heart. I love New-York City ! »

Je n’ai ni la guitare ni le talent de la rock star mais juste mon appareil photo pour ramener un petit bout de ce moment de délire et de bonheur. Je pose mon cadre devant Time Square illuminé.

Mes souvenirs me font défaut et je ne sais plus si les séquences vidéo tournées dans ce quartier ont été filmées de jour ou de nuit. Peu importe, il va se passer quelque chose, je le sens ! "She's the greatest town that you'll ever find, yeah !"

C’est sûr, ce ne sont pas mes fans qui vont venir s’accrocher à mes bras ni se pendre à mon cou pour m’accompagner, je ne suis pas une idole ! Mais « You know she's my heart, I really love New-York City » 

L’une des célèbres voitures jaunes new-yorkaises entre dans le viseur. C'est presque comme les premières paroles de la chanson : « Broadway lights and taxi cabs ». Alors … « Let’s hear it for New York City » !  Je shoote !




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Mise en abîme métropolitaine...

Mise en abîme métropolitaine…

 

Paris. Novembre 2015.

Je suis en route pour le Bataclan, deux jours après les évènements sinistres qui ont plongé Paris dans le bain de sang que nous connaissons.

Je me sens seul…Et pour cause, les rues sont vides, le métro aussi. Et la veille était pareille à aujourd’hui… C’est tellement inhabituel dans la capitale, et encore plus un week-end !!!

Sur ce quai désertique, il y a cette fenêtre dans le mur de céramique. Le panneau «  Strasbourg Saint-Denis » fait écho à celui placé juste devant moi. J'ai alors l’impression étrange que ma solitude est sans issue, que la seule ouverture à mon isolement me ramène inlassablement au point de départ. Ça fait peur…

D’autant que le prochain métro est dans... 8 minutes ! Alors, je sors mon appareil photo, le seul compagnon de route à portée de main susceptible de me changer les idées.

Je cadre et j’attends, espérant que quelque chose me sorte de ma quarantaine…

Après quelques instants perdu dans le viseur, je crois entendre quelqu'un qui approche. Quand ce passant entre dans cette mise en abîme métropolitaine, d’un clic salvateur, je shoote !




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Adieu Liberté !

Adieu Liberté !

 

New-York. Avril 2015.

Après la visite de la Liberté éclairant le monde, je reprends le ferry qui m’emmène vers Ellis Island. Je suis amusé de voir toutes ces personnes qui font signe à la Statue pour lui dire « au-revoir ! ».

Une femme avec son bandeau dans les cheveux me fait penser à une rescapée du festival de Woodstock. Ce qui me passe par la tête me fait d’autant plus sourire : le symbole d’une hippie qui, finalement résignée mais heureuse, fait ses adieux à la Liberté !

« Give me a F ! Give me a U ! Give me a C ! Give me a K ! » Tout fout le camp ou plutôt, tout bascule ! Alors j’accompagne le mouvement : je penche mon cadre et… Je shoote !




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Seven

Seven

 

Londres. Août 2015. 

Dans les entrailles du métro, j'attends mon train sur le quai. 

Je suis attiré par le chiffre 7 inscrit je ne sais comment au-dessus du panneau me rappelant que je suis à la station Leicester square... Et pas dans l'un des cercles de l'enfer décrit par Dante dans la Divine Comédie !

En voyant la marque blanche, mon esprit scientifique aurait dû penser au numéro atomique de l'azote, la neutralité d'un pH 7, ou encore le nombre de lignes horizontales qui composent la table de Mendeleïev. Mais non...

Les jours de la semaine, non plus. Ni même les branches de la Menorah. 

Je n'y vois pas plus les 7 cieux de la tradition islamique, le temps qu'il fallut à Dieu pour créer le monde ou encore le nombre de fois dont doit être puni celui qui tuera Caïn...

Les 7 merveilles du monde ? Pfffff ! Je n'ai pas l'esprit poétique sinon ces quelques lignes aurait pris vie dans un heptasyllabe. 

Et puis, Londres n'a pas été bâtie sur 7 collines comme Rome ou Paris.

Peut-être les couleurs d'un arc-en-ciel ? Certainement pas ! Là où je suis, il fait sombre. Les lumières artificielles rappellent que le soleil n'arrive jamais jusqu'ici. Les gens ne se parlent pas. C'est tout juste s'ils se regardent. Et paradoxalement, j'adore cette ambiance parfois lugubre où on ne pose pas de question à l'observateur que je suis. 

Alors, je me plais à voir dans ce "7" aux allures ésotériques, le nombre de têtes de la bête de l'Apocalypse ou d'années de malheur si on brise un miroir. Je pense aux 7 pêchers capitaux et je me fais mon film… A tel point, que j'ai l'impression de vivre l'ambiance sombre de Seven. J'imagine Brad Pitt et Morgan Freeman poursuivant, sur le quai,  l'autre déjanté de serial killer...

J'entends soudain le métro qui arrive, précédé, comme d'habitude, d'un souffle d'air venu de nulle part. Je mets rapidement mon oeil dans le viseur et avant d'être écrasé par cette ambiance trop lourde, je shoote !


CarCam est un artiste représenté par la

16 rue Sainte Anastase

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