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La clef

La clef

 

Vatican. Août 2017.

« 344, 345, 346, ... ».

L’ascension vers la terrasse de la Coupole de la basilique Saint-Pierre n’est pas des plus aisées... Encore plus de 200 marches à grimper. Je souffre... 

Ce n’est certes pas comparable à la passion du Christ mais je n’ai pas vocation à devenir messie.

 

« 422, 423, 424, ... ».

J’ai le nez dans le postérieur du bonhomme juste devant moi. Je ne suis pas le seul à peiner visiblement... L’air frais du colimaçon sombre et étroit est imperceptible, la moiteur de nos corps en nage nous submergeant d’une sueur chaude et désagréable.

 

« 511, 512, 513, ... ».

J’espère que la vue sur ce rooftop empreint de spiritualité en vaut le détour... Que vais-je réellement trouver là-haut ? Je m’interroge...

 

« 550 et... 551ème marche. J’y suis ! »

 

La légère brise sèche mon visage humide. Je frissonne. Je me repose aussi... Et divague me demandant si 551 a une quelconque signification symbolique... « 5 + 5 + 1 = 11 ; 1 + 1 = 2 ». Que représente ce chiffre ? La dualité certainement. Le jour et la nuit. Peut-être une histoire de bien et de mal. D’homme et de femme certainement... Mais il y a probablement un sens biblique à tout ça, il faudra que je creuse.

 

Je sors de ma torpeur. Mon premier regard au-dessus de Rome ne me laisse pas indifférent. Mais je m’attendais à mieux après toutes les émotions vécues quelques 100 mètres plus bas dans la nef.

 

Je me fraie un passage à travers la multitude de touristes ici-haut afin de faire un tour d’horizon complet. C’est long. Et pénible. Je vis une véritable odyssée durant laquelle le brouhaha de la cohue qui embrume mon esprit se fait l’écho tourbillonnant d’un bruit de fond à me rendre fou. 

 

Après quelques pas, je me sens pris au piège. Il y a cette enfant qui pleure devant moi, cette dame à l’haleine fétide qui a posé sa poitrine suante sur mon dos et la perche de ces jeunes, coiffée du dernier iPhone pour un selfie au-dessus de la ville, qui fait rempart à quelques centimètres de mon visage. Je ne sais plus où aller, submergé par la désagréable sensation d’être pris entre Charybde et Scylla !

 

La chance me sourit enfin. La petite mater dolorosa se décide à quitter sa croix et j’en profite pour me frayer un chemin.

 

Wouhaou ! Quel soulagement ! Quelle splendeur aussi ! Devant moi, la sensation d’éternité m’envahit. Le chaos du pandémonium s’effondre sous les rayons de l’Astre majestueux qui percent les cumulus. Au loin, l’esquisse des collines éthérées m’apparaît comme le filtre protecteur de toute angoisse qui voudrait m’assaillir. Je suis seul. Je me sens bien. Là. Maintenant. Suis-je en train de vivre les prémisses du kensho ?

 

Je domine les colonnades du Bernin qui, d’ici, m’ont tout l’air d’une vielle serrure. C’est peut-être ça que je suis venu chercher. La paix. Une réponse à mes questions, la délivrance. La clef qui me libèrera un jour de mes chimères passées ou de celles à venir. Je shoote !



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Lueur salvatrice

Lueur salvatrice

 

Bruxelles. Avril 2018.

La Grand Place brille de mille feux.

C’est magnifique… Mais les badauds sont trop nombreux.

Vraiment trop.

Sensation d’être à l’étroit. In vitro.

 

Etouffement. Oppression. Prisonnier.

C’est ça, prisonnier. Condamné.

Je dois trouver une issue… Vite !

Je crois voir un point de fuite.

 

Tête baissée entre les gens, mon corps se glisse.

Fébrile. Puéril. Comme l’impression de tomber dans l’abysse…

Mais j’arrive à sortir de cette geôle, enfin.

Je me retourne, je suis loin…

 

Et pourtant… Pareil.

Oppression. Prisonnier… Toujours pareil !

Que faire ? Réfléchis. Bien. Mieux…

Sois efficace… Et compendieux.

 

Je lève les yeux dans la nuit noire…

Non loin du panneau « P - LIBRE», un espoir…

Un halo mystérieux… un remède au burn out.

Une lueur immatérielle et salvatrice… Je shoote !



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Ici...

Ici...

 

Etna. Juillet 2017.

Ici, sur l’Etna, j’ai toujours cette même sensation étrange faite de paradoxes.

 

Ici, par beau temps, le ciel lumineux contraste avec le sol sombre couvert d'une lave d'un noir mat et profond.

 

Ici, le silence, souverain et immuable, se trouve fragilisé dès lors que la bartavelle pousse la chansonnette au gré de ses humeurs.

 

Ici, les zones boisées, les neiges éternelles et la mer, qu’il est possible d'apercevoir depuis certains versants, nous rappellent que nous sommes bien sur la planète Terre afin de ne pas se laisser tromper par les paysages lunaires qui nous entourent. Nous émerveillent.. Et parfois même, nous oppressent.

 

Ici, je distingue au loin ce qui ressemble à une habitation. Comment Homme a-t-il pu bâtir sur l’immensité ?

 

Ici, je vois arriver ces deux silhouettes... Minuscules… Que sommes-nous vraiment ?

 

Ici, l’infini est devant moi. Il force l’humilité me rappelant que je ne suis que poussière dans l'univers. Et pourtant…

 

Ici, ce n’est pas l’impression de vacuité qui monte en moi mais l'énergie débordante d’être ce Rien capable de Tout au-dessus d'un Monde qui s’offre à lui.

 

Ici, tout simplement… Je shoote !



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Juste au-dessus

Juste au-dessus

 

Quelque part au-dessus du monde. Juillet 2017. 

Ce n’est pas grand chose mais la douce chaleur qui effleure mon visage est un bonheur sans nom. 

 

Ce n’est pas grand chose mais la sueur au gout salé qui coule sur mon front pour rejoindre mes lèvres me fait revivre ses merveilleux souvenirs quand, enfant, je léchais mes avants-bras avec délectation après une virée en vélo.

 

Ce n’est pas grand chose mais les quelques frissons qui font vibrer mon corps me rappellent à quel point j’existe. Là, maintenant.

 

Ce n’est pas grand chose mais ce silence qui, pour beaucoup, annonce le néant résonne en moi comme l’écho de l’univers.

 

Ce n’est pas grand chose mais la lumière éthérée est une merveille pour les yeux. 

Ce n’est pas grand chose mais les nuages sont si proches.

 

Ce n’est pas grand chose mais devant l’infini qui s’offre à moi, je ne me sens pas rien.

 

Ce n’est pas grand chose mais je renais.

 

Ce n’est pas grand chose mais je suis là... Juste au dessus du monde.

 

Ce n’est pas grand chose, je (me) shoote...



L'ombrella
L'ombrella

L'ombrella

 

Paris. Octobre 2017.

Quel idiot ! Je suis là, devant cette vitrine à rêvasser devant ce pébroc… C’est devenu un rituel chaque fois que je me rends chez le barbier.

Il est là, toujours placé au même endroit. Il m’attend. Il me rappelle à quel point je chéris les parapluies, à quel point je les hais aussi… Et à quel point ils me ramènent dans le passé !

Tout a commencé dans ma jeune adolescence. Je ne sortais jamais sans. Qu’il pleuve, bien-sûr, mais également qu’il neige, qu’il vente, par temps de brouillard mais pire… Il ne me quittait pas non plus s’il faisait grand beau. Bah quoi ? On ne sait jamais après tout ! La météo est si capricieuse.

Quand mes amis s’interrogeaient sur l’utilité d’un tel accessoire les jours d’été, je n’hésitais pas à mentir en expliquant qu’en cas d’orage improbable, il protègerait l’apparence de feu ma crinière que j’avais eue temps de mal à dompter à coup de sèche-cheveux et de gel pâteux.

Mais je savais que quelque chose se cachait derrière cette obsession… Sans vouloir faire de psychologie à deux francs six sous, il y a bien ce symbole de protecteur qui m’était passé par la tête… Mais pour me préserver de quel danger ?… À part les quelques gouttes d’eau que nous offre Dame Nature ?

Des années plus tard, j’apprends qu’il est parfois interprété dans les rêves comme signe de défense émotionnelle… Mmmmmh… Intéressant…

Je décide de me voiler la face… Un parapluie, c’est beau ! C’est pour cette raison, qu’encore aujourd’hui, j’en ai souvent un avec moi, et nah ! Et c’est tellement joli dit en italien : « Ombrella ». Si délicieux à entendre qu’il se nomme « Umbrella » chez nos voisins anglo-saxons !

Je sors mon appareil photo. L’image onirique que je vois naître me fait battre le coeur. La  silhouette fière et élancée de ce que je me refuse à nommer « pépin » m’appelle à déclencher. Je m’évade trente ans plus tôt au coeur de mes belles années… Tout y est. Enfin presque... Le sourire aux lèvres, comme un gamin fier de son mauvais jeu de mots je me dis qu’en plus… L’ombrella ! Je shoote !



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La scema è lì

La scema è lì

 

Vulcano. Juillet 2017.

Le soleil est de nouveau parmi nous après les fortes pluies qui nous ont accompagnées durant la traversée. L’odeur de souffre est très présente. Et cette plage de sable noir finit de me convaincre que je suis sur une autre planète, loin de tout.

Au milieu de rien, cette coque de noix recouverte d’une table les pieds pointés vers les cieux m’amuse. Ou plus exactement, c’est l’inscription « INFO EXCURSIONI IN BARCA* » qui me fait sourire. C'est tout à fait improbable, incongru même, d’imaginer possible que cet esquif de fortune puisse servir à une quelconque activité touristique…

Je m’arrête, obnubilé par un mot, un seul… BARCA** ! Allez savoir pourquoi, il m’emporte vers une chanson d’Adriano Celentano… Une mélodie à l’italienne qui raconte la balade d’un homme sur une barque. Il est accompagné d’une jeune et jolie fille (du moins, c’est comme ça que je l’imagine…). Ils ne sont que tous les deux,  perdus en mer. Elle dort paisiblement : « ♪♬ La scema è lì e si riposa*** ♫♪♩…Pendant que lui rame comme un con ! Ses pensées vont et viennent. Arrive le moment où il se demande s’il ne va pas la passer par-dessus bord… Mais il se ravise car il a peur de se retrouver seul et, accessoirement, il veut se la f… Pardon, il veut la couvrir de baisers. Bref, il ne la jette pas à l'eau car ça reste un mec.

Et moi, je compose mon image avec cet air dans la tête qui me rappelle mon enfance. Je suis bien, je suis ailleurs. Et le plus délirant, c'est que je suis convaincu que, dans la barque, cachée sous la table, « la scema è lì e si riposa ». Je shoote !

 

*Informations excursions en barque. Il faut comprendre : Informations pour effectuer une excursion en barque.

** Barque

*** L’idiote est là et se repose. « Scema », et son pendant masculin « scemo » (à prononcer « chéma » et « chémo »), est difficile à traduire. Il est bien question de quelqu’un d’idiot, qui ne réfléchit pas, mais il est souvent employé de façon affective, ce qui me semble être le cas dans cette chanson.



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Le 3ème type

Le 3ème type

 

Paris. Février 2018.

Je ne sais pas si c’est parce que le temps s’est radouci ou parce que je suis quelque peu alcoolisé mais Il fait bon ce soir. Je suis bien. J’ai sorti mon appareil photo et fait quelques clichés.

Je suis genoux à terre, l’oeil dans le viseur, nez à nez avec un vélo posé sur le flanc. Et clic ! Je ne regarde pas l’écran pour voir ce que ça donne, ça n’a pas d’importance. La situation incongrue me fait sourire. Il y a bien longtemps que je ne m’étais pas amusé d’un rien… Et ce petit bonheur gagné au hasard d’une balade improvisée me suffit pour décider de rentrer satisfait de ma journée.

Je me lève, reprends mon chemin et range mon matér… Non, non, non, non, non ! Je ne suis pas au bout des petites surprises que m’a réservées ce samedi… Je vois un cartoon des années 80 marcher sur le bord de la façade de l’immeuble ! 

Je me frotte les yeux… Non, je ne rêve pas… Mais lui, oui ! Il souffre de somnambulisme et avance, bras devant, vers la rue Saint Claude. Je pose mon cadre rapidement. Drôle de soirée : il ne fait pas froid en plein hiver, il y a ce gars qui n’existe pas et moi qui pars dans des délires plus qu’improbables… Trop cool !

Pour couronner le tout, j'aperçois ce bonhomme au loin qui arrive pour compléter un trio sorti tout droit d’un film de science fiction et peaufiner ma composition. Ils vont se croiser et moi, je ris déjà de ce mauvais jeu de mot qui trotte dans ma tête : je vais assister à la rencontre du troisième type ! Je shoote !



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Rien ne change

Rien ne change

 

Terre. Il y a bien longtemps.

Je viens de débarquer sur la Planète Bleue par le vol commercial intersidéral de 21 typow 36 dans l’espace temps de la communauté galactique de Midwud.

Pour celui qui découvrira ces quelques mots au hasard de ses recherches sur la BASE de données autorisée par le UG *, voici quelques éléments de compréhension. Je m’appelle CarCam et suis un des rares Terriens ayant survécu à l’invasion robotique que nous autres, êtres humains, avons indirectement provoquée à l’aube du 21ème siècle. C’était ce temps où nous avons tout automatisé laissant petit à petit place aux machines pour nous faciliter la vie, ce temps où nous avons décidé de tout informatiser, y compris les relations sociales si représentatives de notre espèce. La suite vous la connaissez. Les machines sont devenues robots, qui ont, eux, évolués en droïdes pour finalement donner naissance à cette puissance qui dirige le Tout, le UG. Ses membres éminemment respectables sont évidemment composés de l’élite des HDIA**. Après nous avoir pourchassés et en partie exterminés, la convention de Hiundawo a autorisé la survie et la libre circulation des quelques milliers qu’il reste de nous. C’était il y a longtemps, très longtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine…

Retour sur Terre… A peine arrivé sur le sol de mes ancêtres, je décide de ne pas me glucosoriser pour profiter pleinement des quelques typow accordés par l’administration galactotouristique et découvrir cet endroit que je ne connais pas. Malgré les nombreux Pitchouris, vivants désormais ici, les HDIA qui surveillent sans cesse nos allées et venues,  et les habitants de GALTO-5 connus pour adorer cet endroit, les traces laissées par nos Pères sont encore très présentes. Je suis comme un gamin, émerveillé de voir en vrai ce qu’on peut lire dans la BASE.

Après la visite de quelques « restaurants », ces endroits où nos aïeuls devaient se sustenter en lieu et place de la glucorisation nous permettant de survivre, mon attention est attirée par ce double rond sur un mur… Il est posé sur une représentation grossière de Pitawan 46. Je sais qu’il fait partie des symboles de « l’écriture » mais impossible de me rappeler ce qu’il signifie…

Pas grave. Le temps m’est compté. Les machigek passent trop vite pour prendre le temps de réfléchir. Et en outre, penser est toujours interdit. Je pose mon cadre… J’attends qu’il se passe quelque chose… Rien… Je vais continuer mon chem…

Wahouuuuu ! En récompense de ma patience, une Mechanic Flower passe sa corolle de platine et sa tige à la fenêtre. Elle habite probablement ici. Sa curiosité la pousse à mettre son pistil dehors. Je suis certainement le premier Homme qu’elle voit. Elle me regarde avec insistance. Elle me fait penser aux vieilles mégères du sud de l’Italie à l’affut de quelques ragots, ces femmes dont ma mère me parlait quand elle me contait la vie où nous étions seuls dans l’Univers. Finalement, rien ne change… Rien, et c’est probablement pour cette raison que… Je shoote !

* : Gouvernement Unique

** : Human Droid à l’intelligence artificielle



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Morts-vivants

Morts-vivants

 

Prologue

Fascinant ! Depuis tout petit, je suis attiré, que dis-je, envouté par les photos de tous ces morts placardées sur les murs des villes et villages de la Sicile !

Les manifesti di lutto annoncent les décès … Par voie d’affichage public ! En général, on y trouve la photo du défunt, son nom inscrit au centre en grand et en GRAS, la date, et souvent l’heure de la mort, les informations utiles pour assister aux obsèques et quelques mots de la famille. C’est juste ENORME ! Depuis quelques années, je vois également fleurir, dans un format identique, les remerciements des proches une fois l’enterrement passé et même des rappels commémoratifs pour les anniversaires de décès !

Enfant, même sans comprendre ce qui y était inscrit, je savais de quoi il s’agissait. Quand j’étais devant un de ces manifesti, d’étranges émotions m’envahissaient. Un mélange subtil de peur, d’attrait irrésistible, de tristesse pour ces gens qui ne profiteront plus des plaisirs de la vie et pour leurs amis qui les pleureront longtemps… Alors que je ne connaissais ni les uns, ni les autres…

 

Ragusa. Juillet 2017.

Le noir est tombé depuis un moment déjà. Le bruit de mes pas rompt à grand peine le silence qui a pris possession de la vallée du Noto. Les badauds à l’humeur joyeuse, croisés plus tôt dans l’après-midi, ne sont plus… Cet angoissant néant que je côtoie parfois lors de mes nuits sans sommeil a envahi les rues. Je me sens seul. Il n’y a pas âme qui vive… Ou presque !

Ils se sont tous réunis sous la lueur d’un lampadaire, probablement pour que je ne puisse pas les manquer. Giovanni, Maria, Gianluca, il Dottore et les autres ! Tous là à m’attendre, pressés de discuter le bout de gras comme on le fait dans le sud de l’Italie, prêts à réchauffer mon coeur. Oui, je sais, c’est dingue, mais déjà gamin je leur parlais dans ma tête. J’imaginais ce qu’ils avaient été, leur histoire... Je crois que ça me rassurait.

D’habitude, ils sont seuls quand je les croise. Collés à même les murs sur des affiches isolées, de-ci de-là. Comme une fenêtre ouverte sur notre monde. Comme s’ils étaient encore sur le palier de la porte de chez eux à regarder les passants et profiter du soleil. Ce soir, c’est un peu particulier car ils se sont rassemblés sur ce grand panneau. Ça mérite une photo de groupe ! Je sors mon appareil.

Sinistre comme démarche diront certains… Bien sûr que non ! Lugubre ? Peut-être... si le mot est pris dans son sens premier évoquant l’accompagnement dans le deuil. A l’heure où plus personne n’adresse la parole à son voisin, cette époque où nous nous enfermons sur nous-mêmes, persuadés pourtant d’avoir des centaines d’amis sur Facebook, ces pancartes de papier fin sont une éloge à l’altruisme communautaire ! Nous les trouvons près du domicile du défunt, mais aussi dans les lieux les plus fréquentés : près des commerces, des églises, des bureaux de poste ou des troquets. Parce qu'ici, les gens se rencontrent encore sur les places, entretiennent des relations véritablement conviviales et parfois même d’amitié avec les habitants de leur quartier !

Les manifesti di lutto n’ont pour moi rien de morbides, bien au contraire. Ils nous permettent de perpétuer le souvenir de nos êtres chers et à ceux qui nous ont quitté de rester parmi nous. La dimension sociale de ces avis de décès dépasse l’entendement à tel point qu’ils sont capables de provoquer la rencontre improbable d'un môme devenu grand qui dialogue encore avec ses morts-… Vivants ! Je shoote !



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La Vie autour de lui

La Vie autour de lui

 

Sur la mer. Juillet 2017.

Il était une fois, proche de Lipari,

Un homme sur les flots, en cabine à l’abri,

Préservé des tourments des cieux sur la mer

Mais pas de ceux, sombres, de ses songes amers.

 

Vague à l’âme assailli par des flots de pensées,

Il choisit de lutter ses affres insensées

En cherchant la beauté là où noirceur domine,

En quête de gaité là où chagrin culmine.

 

Le combat est ardu, la tâche difficile

Car les nuages noirs, aux humeurs versatiles,

Font tomber forte pluie présageant des orages

Qui lèveront la houle avec violence et rage.

 

Quand soudain rivage prend forme d’égérie !

De ses seins généreux, de son ventre arrondi

Nait l’espoir d’un bonheur attendu dans le doute

De voir enfin la Vie autour de lui… Il shoote !



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Pour qui travaille-t-il ?

Pour qui travaille-t-il ?

 

Lisbonne. Mars 2016.

Je me balade à Lx Factory dans la capitale portugaise. Une espèce de galerie marchande extérieure où commerces de bouche et concept stores se succèdent sur l’allée principale. Pas de quoi faire des photos à priori mais le site est installé sur une ancienne fabrique de tissus aux allures industrielles et désaffectées et ça, ça me plait !

Après quelques images plutôt sympas, je m’écarte de l’endroit où les boutiques ont élu domicile. Et je tombe sur ce mur de briques usées par le temps portant cette inscription étrange, incompréhensible… « UNTIL DEPT TEAR US APART ». Je m’essaie à une traduction dans mon anglais pitoyable. « JUSQU'À CE QUE DEPT NOUS DÉCHIRE ». Mais ça ne veut rien dire…

Une référence à l’expression british « Jusqu’à ce que la mort nous sépare » ? C'est tordu comme explication… Mais possible… J’ai fait la même en faisant graver ma superbe flasque à whisky en étain d’un « Till day do us apart » il y a bien longtemps. Rien de philosophique ni d’intelligent. Juste le clin d'oeil d’un noctambule qui ne quittait sa fiole qu’au lever du jour. Mais au moins, ça signifiait quelque chose !

Là, je ne vois pas… C'est quoi « DEPT » ? Ou qui ? Un prénom ? Non, trop bizarre. Et si c’était l’abréviation « DÉPARTEMENT » comme en français ? « Jusqu'à ce que le Département nous déchire ». Mmmmmh… Je me baisse pour cadrer et, en attendant qu’il se passe quelque chose, je réfléchis…

J’écarte la possibilité que ce « Département » évoque, comme chez nous, une division territoriale : je suis à Lisbonne et l’inscription est dans la langue de Shakespeare. Peut-être une sorte d’instance gouvernementale ?… Mais oui, ça doit être ça ! Comme dans « Mission Impossible » : « … le Département d’Etat niera avoir eu connaissance de vos agissements » ! Tout ça doit donc être l’oeuvre d’un révolutionnaire dénonçant l’action honteuse d’un Etat souverain qui a… Qui a…

Je sèche là… Mon esprit torturé a ses limites… Et je suis là, accroupi comme un con parti dans des délires fantasmagoriques, à attendre que quelqu'un vienne donner vie à cette image pour m’arracher de cette situation, à défaut de me sortir de mon ignorance. Cette phrase ne veut sans doute vraiment rien dire ! Je m’accroche finalement à l’idée qu’elle a été posée là juste pour attirer le pigeon que je suis… Enfin, les deux seuls pigeons devrais-je dire… Il y a un de mes congénères qui arrive… Il marche d’un pas assuré et… Militaire ! Ce n’est pas normal. Ce n’est pas un hasard non plus… Pour qui travaille-t-il ? Le Département sans doute… Je shoote !

 

PS : l’histoire prend fin quelques temps après mettant un terme à mes douloureuses interrogations. Devant le tirage papier de la photo, je m’aperçois que le mot étrange n’est pas « DEPT » mais… « DEBT » ! « Jusqu’à ce que la dette nous déchire » ! Mon corps vieillissant, ma vue me fait parfois défaut, pas mon imagination. Ce qui me conforte dans l’idée que je soutiens depuis longtemps déjà, on ne voit que ce que l’on croit, pas l'inverse… À moins que le Département ait réussi à modifier à distance mon image… Allez savoir !



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Forteresse

Forteresse

 

Paris. mai 2017.

Je ne sais pourquoi mais, malgré ce beau temps, je décide de prendre le métro plutôt que le bus… Je n’ai ni l’envie de voir le jour, ni celle de croiser des gens heureux de profiter des quelques rayons du soleil qui nous sont offerts.

Je ne sais pourquoi mais depuis quelques jours je suis enfermé dans ma tête ; prisonnier de pensées lugubres qui m’assaillent sans répit, me poursuivant du matin où je me lève au soir où je me couche et portant quelques estocades nocturnes qui m’empêchent de trouver un vrai sommeil répérateur. J'ai besoin de dormir. J’ai surtout besoin de rêver. 

Ces entrailles souterraines me semblent l’endroit idéal pour fermer les yeux quelques instants… Mais c’est plus facile à dire qu’à faire ! 

Malgré les paupières baissées, tous mes sens sont en éveil. La conversation stupide des deux ados en face de moi et l’odeur pénétrante des épices exotiques de la vieille dame assise à mes côtés me poussent à abandonner l’idée, visiblement utopique, d’une possible micro sieste. 

Je sors mon antidépresseur, mon appareil photo, paradoxalement dépité de devoir utiliser ce remède miraculeux contre le stress. Je fais quelques images des personnes présentes dans la rame mais je reste insatisfait. Comme tout le monde m’emmerde sans le savoir, je dirige mon objectif vers l’extérieur du wagon, à la recherche du noir des tunnels que nous traversons, à la recherche du vide, du rien… Entre deux stations, je m’égare tout doucement. Mon esprit s’embrume, me laissant enfin perdre pieds pour quitter la terre ferme…

Pourtant, je lutte pour ne pas sombrer dans les bras de Morphée… Peut-être pour apprécier ce moment tant attendu, peut-être pour profiter des songes qui me viennent les yeux ouverts. Peut-être aussi pour savourer ce moment où, comme la forteresse du Grand Châtelet, est enfin venu le temps de voir s’écrouler les murs de la mienne. Je pars, je rêve, je shoote…



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Sarah Connor ?

Sarah Connor ?

 

Paris. Mai 2017.

Je suis dans le bus de retour chez moi. La lumière rasante de fin de journée est juste magnifique. J’observe les gens autour de moi, un de mes petits pêchés mignons.

Il y a ces deux bonnes femmes qui parlent de leur semaine de boulot. Enfin, qui parlent… Qui gueulent plutôt ! À croire qu’elles sont plus sourdes que moi… Toujours est-il que Thierry, le chef de la grande, en a après elle. Il la sermonne chaque fois qu’elle fait une erreur, et l’engueule chaque fois qu’elle a « un petit quart d’heure de retard »… Passionnant ! Il y a aussi ce gars qui veut acheter un ticket et qui s’excite sur le chauffeur parce qu’il lui a demandé de faire l’appoint. Et puis il y a ces amoureux qui se lèchent le visage et se touchent les fesses. Et il y a également…

« Vous savez, jeune homme, que cette place est réservée aux handicapés et aux personnes âgées ? ». C'est cool ! Je rêvais après cette belle journée, que quelqu'un vienne me casser les noix… J’envoie balader la chieuse et je reprends mes rêveries…

… ce gamin que je trouve bizarre : le regard froid, il scrute, droit comme un « i », les gens autour de lui. Son corps bouge à peine, comme s’il était lourd, comme s’il n’était fait que de métal. Un robot programmé pour ne faire que le nécessaire. Il se contente de balayer la scène autour de lui en tournant la tête à droite, puis à gauche. Posant ses yeux de manière si insistante que même les adultes finissent par abandonner ce défi visuel. Il n’est pas de ce monde… Il cherche quelqu’un, c'est sûr ! J’ai compris qui il était… Un cyborg recouvert d'une couche de tissu charnel !

Je mets mon oeil dans le viseur… Discrètement pour ne pas être repéré, pour ne pas me mettre en danger. Après avoir balayé le côté où je me trouve, il me tourne le dos pour analyser l’autre partie du bus. Même si j’arrive à prendre la photo, personne ne me croira ! Mais c'est sans compter sur ma chance… Les rayons du soleil se font soudain plus insistants dans le 28. Ils viennent chauffer la tête de ce baby T-800 en laissant apparaitre par endroit son endosquelette de métal. C’est top ! Et en attendant de l’entendre dire « Sarah Connor ? », je shoote !



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Après lui...

Après lui...

 

Paris. Mai 2017.

Je suis dans le métro, la tête collée au carreau, perdu dans des pensées plus que métaphysiques… Je crois que je n’aurai pas assez de parmesan pour la plâtrée de spaghettis prévue demain soir. Je croise les doigts pour que Valentino ROSSI puisse courir au Mugello malgré sa chute lors de l’entraînement de motocross. Je me demande s’il est vraiment judicieux d’aller me faire tailler la barbe tout de suite et s’il reste du Jack à la maison. Je suis curieux de savoir si quelqu’un devinera comment je choisis les jours où je porte une cravate plutôt qu’un noeud pap’. D’ailleurs, je suis tout simplement curieux de savoir si quelqu'un me croit assez taré pour avoir élaboré un code « jour de cravate » … J’espère qu’Ugo, 17 ans, arrêtera bientôt de laisser pousser ce duvet juvénile sur le menton et qu’Elia, pas encore 7, ne pensait pas vraiment ce qu’elle m’a dit, quand on parlait de ses futures noces avec l’autre gamin au nom bizarre que je n’aime pas : « T’es vieux, tu seras mort quand je me marierai. ». Saloperie de môme ! J’espère de toutes façons qu’elle n’épousera personne et surtout, surtout, j’espère que je n’oublierai pas d’appeler ma mère pour le mother’s day dimanche. Et quand je pense que…

… Putain ce n’est pas possible ! J’ai halluciné ou quoi ? Je viens de le voir passer dans le reflet de la vitre ! Je tourne la tête discrètement et… Nos regards se croisent comme s’il savait que je l’avais repéré… Evidemment ! Il me sourit, pose son carton à dessin et son sac à dos puis s'assoit.

Personne ne va me croire quand je vais leur dire que j’ai croisé le très célèbre… Merde, comment il s’appelle déjà ? Je ne suis pas super fort en « People », ce n'est pas ma passion, mais pourtant celui-là tout le monde le connait, ça va me revenir… Ce n’est pas compliqué, un barbu aux cheveux long tout maigrichon ?…

Ce n’est pas John Lennon, il est mort. Bon attendant, je vais faire une photo et je demanderai à Marion, elle est incollable pour ça. Clic ! Grrrrr ! Quelqu'un vient de passer devant l’objectif ! Clac ! La photo est floue, ça bouge de trop. Quel calvaire ! 

Et ce nom, bordel ?! Il n’a pas la carrure de Chabal… Et ce n’est pas évident car la dernière fois que je l’ai croisé, il me semble qu’il était moins habillé que ça. Ça me tracasse de ne pas me souvenir, j’aimerais bien m’enlever cette épine du pied. On arrive en station, Saint Placide je crois. Je vais en profiter tant qu’il reste absorbé par ses lectures…

Ça y est, je l’ai ! Et la lumière fut, si j’ose dire : c’est Kurt Cobain bien sûr !… Je déconne ! Celui-là aussi a passé l’arme à gauche. À vrai dire, dès son entrée dans le wagon, ce chevelu m’a rappelé vous savez qui (pas Voldemor, l’autre). Et maintenant, je crois qu’il est temps d’arrêter ce petit délire qui n’amuse que moi mais qui m’a fait patienter en attendant d’avoir ENFIN la révélation photographique pour appuyer sur le déclencheur et ce, 2017 ans… Après lui ! Je shoote !



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Heureux qui comme Ulysse

Heureux qui comme Ulysse

 

Lisbonne. Mars 2016.

Errance nocturne dans l’Alfama… Après une journée éreintante, je décide de laisser mon amoureuse seule dans le 2 pièces AirBnB qui nous sert d’éphémère nid douillet durant notre séjour ici.

Elle est fatiguée et mon désir de me raconter des histoires n’est pas complètement assouvi. J’ai hâte qu’elle s’endorme… Quand je rentrerai, j’irai silencieusement lové mon corps nu contre le sien pour continuer les rêves volés au cours de ma balade à la chaleur de sa peau…

Je n’ai croisé personne depuis un petit quart d’heure. Le quartier est empreint de solitude… Enfin, ce n’est pas exactement ça… Les pavés, les murs, la lune, la chaleur et même le linge aux fenêtres, tout n’est que nostalgie, tout n’est que poésie…

Quelques mots échangés un peu plus loin m’arrachent de mes songes. Des tableaux noirs griffonnés de craie, un peu de lumière artificielle, un pupitre à partitions annonçant la musique culinaire jouée au menu ce soir… Je me dirige vers ce restaurant, probablement l’unique et potentiel lieu de rencontre de ma promenade vespérale…

Devant la porte, un trentenaire vêtu de noir, la barbe drue et naissante et l’air patibulaire, semble garder les lieux comme Cerbère devant les Enfers. Nous nous faisons face. Nos regards se pénètrent. Il me sonde. Je l’observe. Il n’y a pas de défi dans nos silencieux échanges. Il n’a pas l’air surpris de me voir planté là à ne rien faire. Nous nous scrutons… Sans mot dire.

Un couple arrive. Le gars lui dit je ne sais quoi en portugais. Mon gardien lui fait un signe de tête à peine perceptible, à la sicilienne. Les tourtereaux entrent dans l’auberge, et, en poussant la porte, s’échappent chaleur humaine et brouhaha.

L’homme en noir me regarde de nouveau… Imperturbable… J’ai même envie de dire, incorruptible. Je lui fais un sourire. Pas de réaction. Je trouve ça plutôt drôle. Voyons jusqu'où je peux aller.

Je m’approche en gardant mes yeux dans les siens… Pour finalement regarder le menu. Pas de réaction. Je retourne où j’étais et prends quelques photos… Rien ! Pas un clignement de cil ! Les images ne vont pas être extra… Et si je continuais mon chemin ?

Soudain, une voix venant de l’intérieur s’élève dans la nuit. Avec une intonation mélodieuse qui te prend aux tripes, qui chante à ton coeur, quelques notes poussées par une femme à la voix chaude qui rassurent et t’inquiètent à la fois, quelques notes que tu veux fuir pour garder le contrôle sans pouvoir t’en détacher… Cet air de fado me fait frémir…

Et je ne suis pas le seul. Mon gardien vient de tourner la tête. Son regard laisse enfin apparaitre quelque humanité… Il trépigne… Il jette un oeil vers moi puis, l’air de rien, se tourne pour entrer, incapable de résister à la saudade chantée par l’invisible sirène… Je mets mon oeil dans le viseur, j’ai hâte de retrouver ma douce, heureux qui comme Ulysse, a fait un beau voyage… Je shoote !



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Mais non mais non !

Mais non mais non !

 

Paris. Février 2017.

Je rentre chez moi après une soirée bien sympathique avec un ami. Assis dans le métro, j’ai quelque envie de partir dans mes rêves. Les vapeurs éthyliques y sont certainement pour quelque chose… Tout comme l’appareil photo que j’ai à la main !

Une petite brunette monte à Réaumur Sébastopol et s’installe sur un strapontin près des portes. Je vais la ramener dans mon boitier. Ce n’est pas qu’elle soit particulièrement jolie, ni vilaine d’ailleurs, mais je vois dans ses yeux que, contrairement à moi, elle est déjà loin dans son voyage onirique. En faire quelques images facilitera mon départ !

Je mets l’oeil dans le viseur et… Grrrrrr ! Je suis repéré sans même avoir mis le doigt sur le déclencheur ! Son regard est sans appel : pas de photo mon gars ! Je reste l’oeil collé sur le verre dépoli, sans bouger, en faisant mine de ne pas comprendre. Après tout, avec un peu de chance, elle est restée loin là où elle était avant qu’elle ne me remarque…

Mais non ! Nous ne sommes pas arrivés à Etienne Marcel qu’elle me fait des va-et-vient de son index compréhensibles de tous : c’est NON ! J'ai un peu les boules. Déjà d’avoir été repéré. Mais surtout de ne pas pouvoir nier qu’elle ne veut pas. Mon intrusion dans la vie des gens que je veux faire entrer dans mon univers a quelques limites…

Je tente un sourire enjôleur et à mon tour je montre mon index, droit comme un « i » ou plutôt, droit comme un « 1 ». Juste une s’il te plait… Elle me répond d’un sourire… Et d’un signe négatif de la tête ! puis elle repart dans ses songes.

Okay, okay ! ... Mais comme je suis quelque peu têtu, je vais tenter notre voyage autrement ! Je pointe mon appareil vers les portes coulissantes de la rame d’où je repère son visage dans le monde parallèle et merveilleux des reflets des vitres et…

Elle se tourne de nouveau vers moi ! Je lui montre de la tête que je me suis rabattu sur une photographie des quais. Elle me croit. Je sais que le temps joue contre moi avec tous ses « Mais non mais non »… Alors, quand sur le quai des Halles, les portes se referment sur cette nouvelle étape de nos pérégrinations, j’aperçois son fantôme revenir à moi pour peut-être disparaître à jamais, mais oui mais oui, je shoote !



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Twilight Zone

Twilight Zone

 

Rome. Août 2016.

Assis à une terrasse après une journée harassante à marcher dans les rues de la capitale italienne par 35°C à l’ombre, je savoure… Un Jack Daniel's sans glace ! Le serveur m’a regardé comme si j’étais un extraterrestre !

Et alors ?! Je lui demande, moi, pourquoi une baie vitrée sépare l’extérieur de… L’extérieur ? Ça, c'est bizarre, non ? Peu importe, je prends le temps de me poser et repense à cette belle journée… L’esprit quelque peu embrumé après quelques gorgées, je fais deux trois clichés des femmes qui discutent juste en face du bonsaï et…

Mais que fait un bonsaï sur la table d’une trattoria ?… Il est posé là, à côté de cet étrange petite lanterne… La nuit commence à tomber. Un reflet sur le carreau met en lumière cet asiatique, un japonais je pense, en train de tapoter sur son smartphone. Un rapport avec l’arbre nain ? Non, arrête, tu vas plonger dans un de ces délires fantasmagoriques dont tu as le secret…

Non je ne délire pas, il y a quand même des choses inhabituelles qui émergent peu à peu autour de moi. Comme ce gars à l’air patibulaire qui se tient nonchalamment contre le mur les bras croisés. C'est sûrement le garde du corps du japonais qui a posé le bonsaï sur la table à côté de la lanterne. À moins qu’il ne soit là pour surveiller cette femme et cet enfant qui m’ont tout l’air de comploter ! Mais je suis où bordel ?! Bon j’arrête, je dois redescendre sur Terre.

Je vais refaire quelques photos. Je remets mon oeil dans le viseur… Quand je vois se dessiner sur la vitre des lignes en pointillé, une espèce de plan interstellaire pour sortir d’ici je pense. Mais avant de partir, parce que personne ne me croira, je ramène la preuve que je me suis retrouvé dans… La quatrième dimension, je shoote !



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Behind bars

Behind bars

 

New-York. Avril 2015.

 

Liberty Island. Début de matinée… Je sors difficilement de ma trop courte nuit. J’ai atterri à JFK la veille et le décalage horaire ne m’a pas vraiment réussi…

Mais peu importe, je suis à des milliers de kilomètres de Paris réalisant un rêve, celui de vivre New-York ! Je me sens bien, je me sens libre ! Et ce sentiment de liberté est légitime quand on est dominé par le chef d’oeuvre de Bartholdi !

Je fais le tour de l’île savourant chaque instant, chaque bouffée d’oxygène sous cette magnifique lumière matinale et… « Regarde chéri, c'est joli non ? ». Mon amoureuse vient de me sortir de mes pensées… Ça alors ! Je n’en crois pas mes yeux ! Je vois au loin Manhattan… Prisonnier derrière la rambarde qui borde notre promenade !

Comment est-ce possible ? Le célèbre quartier de la Big Apple semble étriqué malgré le One World Trade Center qui fait son possible pour toucher le ciel. L’espace d’un instant, mon monde s’écroule, mes rêves les plus fous semblent être liés à perpétuité à cette triste réalité qui s’impose à moi… J’essaie de reprendre mon calme, doucement…

 Je prends soudain conscience que le paysage est peint d’un azur magnifique. Les rayons du soleil réchauffent mon coeur et mon corps. Quelques oiseaux nagent paisiblement sur l’eau qui nous entoure. La nature n’a pas perdu ses droits. Elle est encore légitime. Je reprends espoir. Manhattan ne sera jamais derrière les barreaux. Et moi, je peux m’évader à nouveau… Je shoote !



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To boldly go where no man has gone before

To boldly go where no man has gone before

 

Londres. Octobre 2016.

« Espace… Frontière de l’infini vers laquelle voyage notre vaisseau spatial »… Heuuu non, pardon. Je suis quelque part dans la banlieue de Londres entre Greenwich et je ne sais où, dans le Tube, et non pas dans l’Enterprise.

La nuit vient de tomber. J’observe les voyageurs qui m’entourent et me régale des paysages urbains qui défilent sous mes yeux, passant de l’un à l’autre inlassablement. Fatigué, je me perds petit à petit dans mes pensées…

« Sa mission ? Explorer de nouveaux mondes étranges, … »… La lumière dehors est magnifique. Un mélange aux allures mystiques provenant autant du ciel entre chien et loup que de l’éclairage artificiel jaillissant des baies vitrées des buildings…

« Découvrir de nouvelles vies, … »… Au fond du wagon, une femme s’est endormie sur son copain. Un homme est absorbé par son téléphone tandis que mes amies discutent se tenant à la barre du métro. Regarder les autres reste un de mes passe-temps favoris. C'est peut-être ridicule mais je m’imagine ce que pourrait être leur quotidien, ce à quoi il peuvent bien penser ou encore ce qu’ils se racontent…

« D’autres civilisations,… »… Avec ce groupe un peu plus loin… Ça devient plus difficile car la langue de Shakespeare et moi ne sommes pas fâchés, mais nous  n’avons pas encore fait réellement connaissance…

Je vais tout de même en faire quelques photos. Je vais commencer par l’extérieur avant que la rame ne plonge à nouveau dans un tunnel. Je cadre et… Quelle n’est pas surprise quand, dans le viseur, les reflets me révèlent l’autre univers tant convoité ! Tout s’entremêle, je ne sais plus qui est quoi, ni où nous sommes vraiment. Je suis dans un autre monde...

Alors, « au mépris du danger », je décide de « reculer l’impossible » et… Je shoote !



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Birth...

Birth...

 

Londres. Novembre 2016.

Arrivé par bateau à North Greenwich, je me retrouve à l’O2, la grande salle de concert de la capitale britannique. Un lieu qui porte bien son nom je trouve car, excentré de la vie fourmillante de la City, c'est l’occasion quelque peu paradoxale de prendre une bouffée d’oxygène dans le calme… Du Londres portuaire et industriel !

Je suis là car mon amoureuse a eu l’idée excentrique de nous emmener faire un tour de…  téléphérique ! Et nous voilà embarqués, suspendus sur un câble pour aller… Ben j’en sais rien !

Nous traversons, que dis-je, nous survolons la Tamise pour prendre peu à peu de la hauteur. Je me régale de la lumière de fin de journée et regarde en haut droit devant moi pour découvrir où ce voyage nous mène. J’ai le sentiment ou l’espoir, je ne sais pas trop, que quelque chose de magique va accompagner le soleil couchant…

Tiens, en parlant de lui, il se cache où celui-là ? Je me retourne pour le voir descendre bas dans le ciel… Et le spectacle qui s’offre à moi est juste magnifique ! En allant se cacher peu à peu derrière la ville, l’astre de feu crée un superbe contrejour qui accentue les contrastes et dessine un paysage urbain étrange et envoûtant… Sous un ciel chaotique, l’O2 prend l'allure d’un oignon de pierre planté de clous de girofle métalliques, les buildings semblent subitement sortir de terre comme les champignons après une averse et les grues montent haut dans le ciel tirant fort sur leur bras, telles des sage-femmes pendant un accouchement ! Je suis loin, très loin, et pendant ces quelques secondes de délires hallucinogènes, je sais que j’assiste à la naissance d’un nouveau monde, à la naissance d’une nouvelle ère, à la naissance d’une nouvelle vie ; alors… Je shoote !



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Le vrai miracle.

Le vrai miracle.

 

Rome. Août 2016.

La basilique Sainte Marie Majeure à Rome dans laquelle je me trouve est née, parait-il, d'un miracle. La Vierge apparue au pape Saint Libère a indiqué le lieu de construction de l'édifice par un signe venu du ciel si je puis dire : en plein mois d'août 358 la neige est tombée là où je suis !

Mmmmh... Et j'ai presque envie d'y croire ! Mon côté rêveur peut-être. Toujours est-il que devant la beauté du plafond à caissons, je me dis que les miracles existent. Certes le surnaturel s'est aidé de la main de l'Homme en ce cas mais nul ne peut nier le prodige architectural qui s'offre à moi !

La nef aussi est un miracle. Son immensité pourrait vite m'oppresser mais c'est le contraire que je ressens. J'ai paradoxalement cette étrange sensation de faire corps avec l'infini, l'impression de faire partie d'un tout. Je me sens plus grand.

Mais la voilà qui arrive. Cette petite fille en fauteuil roulant s'émerveille elle aussi. Elle s'est excusée d'être passée devant moi pendant que je prenais une photo. Son visage angélique et son regard apaisé me laissent sans voix. 

D’un coup, je me sens tout petit. Pourquoi ? Je ne sais pas. Peut-être parce que c'est elle qui semble se confondre avec l'infini, peut-être parce que le poids de son handicap ne semble pas peser sur elle mais... Sur moi ! Je me sens con, c'est absurde. Et pourtant... J'aimerais détenir le pouvoir divin pour lui dire "Lève toi et marche !". Mais je suis là, un genou à terre, incapable d'exprimer quoi que ce soit.

Elle a compris, je pense… et, avant de se retourner admirer la beauté des lieux, sans mot dire, elle pose sur moi le plus joli des sourires qui me sort de ma torpeur... Je comprends alors que c'est ça, le vrai miracle... Je shoote !



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Le bout du tunnel...

Le bout du tunnel...

 

Venise. Août 2016.

Une sensation inhabituelle m’envahit quand je passe dans cette ruelle étrangement calme de la Sérénissime…

Je me sens seul. Seul mais observé.  Non ! Je n’ai pas peur. Enfin, j’essaie de m’en convaincre... Je m’arrête, regarde autour de moi et finis par oser… me retourner.

Brrrrr ! Quatre hommes aux allures mystiques me fixent. Les deux premiers sont parés de croix et les deux autres font corps ! Je leur fais face comme par défi. Non ! Je n’ai pas peur. Enfin, je crois... Le temps ne s'écoule plus, suspendu à une éternité que je n’ai pas désirée.

Ils me déshabillent d’un regard si perçant qu’ils semblent vouloir pénétrer… Mon âme ! Je résiste de toutes mes forces à ce viol spirituel. Je suis happé par la venelle, attiré par le contrejour d’une lumière si intense qu’elle me semble être la seule sortie de ce passage. La sortie ou l’entrée ? Je ne sais pas, mais je ne veux pas plonger dans cet inconnu que je ne maîtrise pas !

Reprends-toi ! tu n’as pas peur. Je m’arme de mon appareil photo. Je porte le viseur à l’oeil. Je suis prêt… À déclencher s’il le faut ! 

Mes grandes inspirations forcées me font reprendre peu à peu mon calme. Je peux désormais les dévisager sans ciller. Oui ! Je n’ai plus peur.

Jusqu’au moment où j’aperçois cet homme au loin. Surgi de nulle part, il avance d’un pas posé. Je sais qu’il vient me chercher ! Je suis courageux… Mais pas téméraire ! Ni une ni deux, avant de prendre la fuite pour retourner vers mon monde plus tranquille, je porte un dernier regard sur le bout du tunnel et… Je shoote !



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Et la lumière fut !

Et la lumière fut !

 

Vatican. Août 2016.

La basilique Saint Pierre est juste splendide… J’ai depuis toujours été attiré par les lieux de culte. Pourtant, même si parfois j’aimerais bien, je ne crois pas en Dieu. Ni en des Dieux d’ailleurs. Ni monothéiste, ni polythéiste. Ni même panthéiste, comme l’était Einstein. Ce n’est pas très grave : je suis juste athée.

Et pourtant je suis là, heureux, à m’émerveiller devant la Piétà de Michelangelo et autres oeuvres d’artistes à l’inspiration insufflée par la Foi. Je ne cherche pas de réponses à mes questions restées en souffrance, pas ici en tout cas… Néanmoins, je prends plaisir dans ce lieu à m’interroger sur la vie… Etrange paradoxe.

Je remonte la nef tout doucement pour me diriger vers la célèbre Coupole et le baldaquin. À une dizaine de mètres de la croisée du transept, les badauds venus ici lèvent la tête pour admirer les rayons du soleil qui s’invitent à travers les ouvertures du dôme pour magnifier l’ensemble. Je prends quelques souvenirs avec mon appareil photo quand, dans le viseur, je remarque ces deux personnes devant moi. Ils fuient la pensée unique en regardant plus loin sur la gauche…

Par quoi sont-ils attirés ? Je jette un oeil mais je ne vois pas tout de suite… Le jeune homme montre alors du doigt l’incroyable phénomène : un point brillant venu de nulle part traverse la voûte du plafond, défiant toute explication rationnelle possible ! Trop fort ! Et - si j’ose dire - la lumière fut… Je shoote !



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Comme dans un rêve...

Comme dans un rêve…

 

Venise. Août 2016.

Après une journée délicieuse passée sur l’ile colorée de Murano, me voilà de retour à Venise. Je me sens si bien. Une balade vespérale dans les si jolies venelles de la Sérénissime, l’enivrante amertume d’un Spritz pris à la terrasse d’un café suivi d’un savoureux dîner italien me laissent penser que je n’ai plus rien à attendre de ce jour magnifique… C’était sans compter mon retour à l’hôtel…

La nuit est tombée, couvrant la lagune d’une étoffe soyeuse de velours noir. Le brouhaha a fait place au silence et les badauds se font si rares que je peux profiter en toute quiétude de la douce tiédeur laissée par les rayons du soleil. Je me sens si bien.

Au bord du Grand Canal, les lumières des estaminets encore ouverts se font veilleuses en venant éclairer timidement ces gondoles devant lesquelles je me suis arrêté. Le va-et-vient à peine perceptible de l’eau sur laquelle elles se reposent les berce délicatement… Je suis obnubilé par le ballottement apaisant des fers de proue… Je ne sais plus où je suis… Un autre voyage commence… Je me sens si bien… Comme dans un rêve… Je shoote !



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T'es une fille t'as pas de shampoing

T'es une fille t'as pas de shampoing.

 

Rome. Août 2016.

Je quitte la Piazza del Popolo à Rome que l'on traduit souvent par la "Place du Peuple"… Mais qui ferait plutôt référence à un Peuplier qui aurait poussé sur le mausolée de Néron… Bon je ne vais pas vous parler de ça, internet le fait très bien ! Mais je me dis qu'il faut se méfier des raccourcis et que finalement, chacun se raconte ses histoires en fonction de ses a priori et de son imagination. 

Je reprends le fil de la mienne, d’histoire, qui, vous n'en douterez pas, est complètement vraie… Ou inspiré de faits réels, je ne sais plus. C'est sans importance tellement c'est incroyable !

Je quitte donc la Piazza del Popolo en me dirigeant… Ha, j'oubliais ! Est-il utile de préciser que toute ressemblance avec des personnages ayant ou non existés n’est que pure coïncidence ? Non ? Je continue alors…

Je quitte la Piazza del Popolo, souvent mal traduite, en marchant d'un pas tranquille. Alors que je me dirige vers le Pincio, je fais face à la célèbre statue de Filippo GNACCARINI : la sculpture allégorique du Printemps. Je l'observe attentivement car je ressens quelque chose d'anormal, d'inexplicable, d'invisible presque, je ne sais pas comment dire…

C'est peut-être cette couronne de fleurs dans ses cheveux… Non, ce n'est pas ça. Ses seins qui pointent vers moi à travers le drapé qu'elle porte sur ses épaules ? Non plus. Je continue à réfléchir tout en m'approchant d'elle doucement… HOOO La vache ! Je crois que j'ai trouvé ! Ses mains, il y a quelque chose d'inhabituel pour une sculpture de cette époque ! Il faut que je fasse une photo car personne ne va me croire.

J'active le pas, me mets sur le côté du chef d'œuvre pour mettre en évidence ma découverte et je pose mon cadre. Parfait ! De là, on voit bien que la statue tient de sa main gauche… un pénis en érection ! Et oui, l'allégorie est hermaphrodite !!! Et ce n'est que la première découverte…

Qu'elle n'est pas ma surprise quand je vois que dans l'autre main elle tient un… Téléphone portable à son oreille !!! Mais d'ici on ne le voit pas bien et à tous les coups, on va me prendre pour un affabulateur ! Il me faut une preuve plus parlante sur mon image… J'attends donc un moment et j'ai bien fait ! Un gars arrive. Il a dû voir le phallus.

Non ?! Ce n’est pas possible ?! Il me semble qu'un smartphone sonne !!! Je crois que le gars l’a entendu lui aussi !

Il s'approche de la statue et pose son oreille sur le piédestal de l'allégorie pour répondre. Vous allez me prendre pour un dingue mais d'ici j'entends "Allo ! Non mais allo quoi !". Je (me) shoote !!!



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Sérendipité

Sérendipité.

 

Venise. Août 2016.

Nous avons tous notre histoire. Et comme tout le monde, la mienne a son lot de bonheurs, petits ou grands, et de blessures plus ou moins profondes qui, pour certaines, n'ont pas encore cicatrisées.

 

Le plaisir simple de l'odeur du café au petit matin ou la première déception amoureuse, la naissance de mon fils ou la mort de mon père, que sais-je encore ? Ces moments ont cadencé ma vie sur un rythme que je n'ai pas toujours choisi et le piètre danseur que je suis s'est souvent attardé sur les temps morts de son existence ici-bas. Nos regrets sont parfois plus forts que le bonheur qui s'offre à nous…

 

Pensif devant le livre de Proust, je me dis que ce n'est pas moi qui vais lui reprocher sa démarche littéraire d'introspection… Je me suis, moi aussi et à maintes reprises, tourné vers le passé, cherchant désespérément "Du côté de chez Swann" ou "A l'ombre des jeunes filles en fleur", à rattraper le temps perdu… Qui par définition n'est plus accessible ! Je crois aujourd'hui que j'ai cessé de reculer.

 

Je suis à Venise, avec la femme que j'aime, il fait bon vivre, je suis heureux, bien dans mes baskets. Je mets mon œil dans le viseur pour ramener le souvenir de ce bouquin ouvert à la première page… Mais plus pour moi ! J'ai en effet cessé la vaine "recherche du temps perdu" car j'ai découvert, par sérendipité, que je préfère prendre mon pied à vivre chaque « instemps" présent pour mieux m’impatienter de celui à venir. Je shoote !



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Seras-tu là ?

Seras-tu là ?

 

Venise. Août 2016.

Depuis mon arrivée dans la Sérénissime, je ne sais plus où donner des yeux.

Je traverse ses ponts, me perds dans ses magnifiques venelles, prends un bain de foule sur la piazza San Marco et admire ses gondoliers qui promènent sans cesse sur les canaux tous ces touristes autant impressionnés que moi.

De temps à autre, épuisé, je marque une pause, loin de tout,pour profiter du temps qui semble suspendu à jamais… Mais la nuit finit tout de même par tomber et les rues se vident... Pas la cohue de mes pensées.

Deux vieux passent alors devant moi. Doucement… Bras dessus, bras dessous. 

Et oui, Venise, c'est aussi l’amour… L’amour si fragile… Souvent inaccessible...

Je les suis…

Je les envie aussi...

Mon caractère de merde, mon esprit torturé et la vision très pessimiste que je porte sans cesse sur la nature humaine rendent la vie à mes côtés difficilement supportable…

Je le sais…

Je suis à quelques pas derrière eux. J’entends résonner dans ma tête la chanson de Berger :

« 🎶 Et quand nos regrets 🎶

🎶 Viendront danser

Autour de nous 🎶

Nous rendre fous 🎶

🎶 Seras-tu là ? »

Je ne sais pas si je veux savoir… « 🎶 Sauras-tu vivre Le plus mauvais ? ».

Je mets l’oeil dans le viseur… « 🎶 La solitude (…) ».

Je cadre… « (…) 🎶 le temps qui passe 🎶 ».

Ils semblent seuls dans la ville… « 🎶 Et l’habitude, 🎶 regarde les Nos ennemis ».

Mais tout l’un pour l’autre dans la vie. « 🎶 Dis moi que oui 🎶 ».

Je crois que j’ai peur de savoir… « Seras-tu là ? 🎶 »…

Alors pour suspendre de nouveau le temps… « 🎶 Dis moi que oui 🎶 » … Je shoote !



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L'oeil du Kosmos - The eye of the Kosmos

L’oeil du Kosmos.

English version

 

Lisbonne. Mars 2016.

En balade dans le quartier pittoresque de Lisbonne, je prends plaisir à marcher sur les venelles pavées, je m’étonne de croiser ça et là le vieux tramway qui circule encore à cette heure tardive et je m’amuse de voir le linge qui pend aux fenêtres. Les gens qui vivent ici ont fait de cette ville un endroit sur Terre que je trouve bien sympathique.

Sur Terre… Mmmmh… Ça reste à prouver ! Je traverse en effet une espèce de no man’s land qui parait bien irréel. À des lieues de ce que j’ai pu voir quelques instants auparavant, je suis plongé dans un autre monde que l’Homme n'a pas réussi à maitriser. Des masures abandonnées traversées par une route semblent être les seuls vestiges qu’il a pu laisser comme traces de son passage ici. Où suis-je ? Je ne sais pas...

Sur l'un des murs, inscrit en grand, un indice s'impose à moi... Je suis visiblement quelque part dans l’univers… Où exactement ? Bô ! Dans mon viseur, des gens approchent et je ne suis pas seul à les observer. À ma droite, un regard se pose également sur eux et… J’y suis ! Je suis dans l’oeil du Kosmos et… Je shoote !

The eye of the Kosmos.

 

Lisbon. March 2016.

A walk in the picturesque area of Lisbon, I enjoy walking on the cobblestone alleyways, I am surprised to come across here and there the old tram which still runs at this late hour and I enjoy seeing the laundry hanging from the windows. People who live here have made this city a place on Earth that I find very nice.

On Earth... Hmmmm... It remains to be seen ! I cross indeed a kind of no man's land that seems very unreal. A far cry from what I’ve seen before, I am into another world that Human being has failed to master. Deserted hovels crossed by a road seem to be the only remains that he could have left as traces of his passage here. Where am I ? I do not know...

On one wall, inscribed in large, a clue is given to me... I'm obviously somewhere in the universe... where exactly ? Bo ! In my viewfinder, people are approaching and I am not the only one observing them. To my right, another look on them too and ... I ‘ve got it ! I'm in the eye of Kosmos and... I shoot !

Translation : KMO



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L'Accélérateur

L'Accélérateur

 

Orly. Avril 2016.

Sur le long tapis roulant qui relie le parking P3 de l’aéroport d’Orly au terminal sud, je me laisse porter et attends patiemment que le voyage se termine…

Pour moi en tout cas ! Car des gens moins fainéants me dépassent sans cesse, trainant leurs bagages, pressés de prendre leur avion. Pour eux, la fin du tapis sera le début de l’aventure vers d’autres contrées. Les veinards !

Je m’agenouille pour refaire mon lacet. Ici bas, la sensation de vitesse parait plus grande, probablement à cause du point de vue au ras du sol. J’ai l’impression d’être dans une sorte de tube, une drôle de machine du futur à laquelle je n’ai pas encore donné de nom... Peu importe, c’est idiot mais je trouve ça beau. Je décide de laisser mon lacet et de faire la photo. 

Le temps presse, l’aérogare n’est plus très loin. Je pose mon appareil photo sur le sol et cadre au jugé. Quand ces deux personnes, suivies de près par leurs reflets, arrivent à toute allure entraînées comme par magie par... l’Accélérateur, je shoote !



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Ce monde magique

Ce monde magique

 

Un jour. Quelque part ailleurs.

J’erre l’appareil photo à la main.

Devant la porte d’un local immense, je vois à l’intérieur des gens qui s’affairent. Ma curiosité me pousse à entrer, attiré irrémédiablement par les contrastes créés par ombres et lumières...

Et je ne suis pas déçu ! Des centaines de livres ont pris possession du lieu : rangés, ça et là, à même le sol, sur des étagères à plusieurs niveaux, ou encore posés sur des tables. Je me retrouve plongé au coeur de tous les contes de mon enfance, bercé comme un gamin au moment du coucher par des milliers de belles histoires prêtes à m'emmener vers les rêves les plus merveilleux !

Ici, le silence est d’or. J’avance prudemment. Je ne veux pas qu’on me voit comme un intrus qui n’y aurait pas sa place. A chaque pas que je fais, j’ai le sentiment que Peter Pan va croiser mon chemin ou qu’un lapin avec une montre à gousset va m’emmener au pays des merveilles. Trop cool !

Je décide de monter à l’étage pour voir si d’autres surprises m’attendent. Wahouuu ! J’ai une vue magnifique de là-haut. Hommes et femmes semblent absorbés par ce qu’ils font. Ils lisent au point de ne pas prêter attention au Fantastique qui les entoure. Porté par son vélo ailé, la cape au vent, un Être en profite pour traverser les airs, sans un bruit… Comme il ne m’a pas vu, discrètement je ramène l’histoire de ce monde magique où le temps est en suspens et… Je shoote !



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Crossroad

Crossroad

 

New-York. Avril 2015.

Je suis dans le hall principal de Grand Central Terminal.

Grand Central est immense et je m’y sens tout petit. Ce lieu est envahi de monde ! Ça …

« C'est là les animaux essaient d’ prendre le train dans « Madagascar », Papa ! Tu sais, le lion, la girafe et tout. C'est trop marrant tu vôa ! »

… Mon ado de 15 ans, qui a prononcé 10 mots depuis 5 jours que nous sommes là, vient de me sortir de mes pensées* !

« Je te crois… C'est aussi la gare la plus importante du monde avec ses 44 quais et... »

« Okay »

Où est-ce que j’en étais déjà ?… Ha oui !

… Ça grouille de partout et j’ai du mal à savoir par où entrent et sortent tous ces gens. Je décide de monter au niveau supérieur pour mieux me rendre compte et faire une photo…

Wouhaou ! C’est encore plus impressionnant vu d’ici ! Les voyageurs, touristes, et autres passants vont, viennent, discutent, observent, se perdent, s’arrêtent… Pour finalement repartir ! Mais où ? Je ne sais pas, ils prennent tous des directions différentes et les possibilités semblent infinies.

Ce grouillement ne s’arrête jamais. J'ai déjà fait quelques photos et m’apprête à en rester là ; mais, quand je vois le balconnet juste en dessous, je décide de l’inclure dans le cadre d’une dernière prise.

La lumière magnifique qui traverse les immenses baies donne l’impression d’être à l’extérieur.

Sur le grand tableau à gauche défilent une multitude de destinations. Je n’arrive pas à les lire et me demande encore où va toute cette foule.

Le drapeau américain domine tout ce « petit » monde et j’imagine qu’il a été mis là pour laisser un indice sur l’endroit de la Terre où nous nous trouvons.

Je vois soudain un gars en bas, qui reste immobile : je pense qu’il est en train de prendre le tableau en photo. Les voyageurs le contournent mais il reste figé, comme un repère pour mieux se diriger.

Je ne sais toujours pas où vont tous ces inconnus. Je comprends alors que c'est impossible car, si tous les chemins mènent à Rome, je suis maintenant persuadé que la croisée de toutes les routes du monde est ici !

Je sais aussi que quelque part sur ces routes, il y a ce touriste médusé, mon ado de 15 ans et moi, un photographe qui se pose beaucoup trop de questions… Je shoote !

 

*En parlant de mon fils, je m’excuse auprès des lecteurs mais, pour une meilleure compréhension du texte, je me suis permis de modifier quelque peu ses paroles. J’ai notamment enlevé plusieurs fois « genre », son mot préféré qu’il place ça et là au hasard des phrases et je n’ai pas retranscrit les cris rauques qui accompagnent très souvent diverses de ses formes de communication dont fait partie la parole. J’ai cependant laissé un « et tout » et j’ai pris la liberté de laisser en absence la conjonction « que » entre « C’est là » et « les animaux » pour plus d’authenticité (les conjonctions de subordination sont des mots jugés inutiles par les 12-18 ans, probablement pour ne pas les confondre, entre autres, avec l’extension postérieure de la colonne vertébrale chez les animaux : la « que » du chien ou du lion).



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En quelques secondes seulement

En quelques secondes seulement

 

Paris. Janvier 2016. 

J'attends patiemment mes amis devant la Fnac, rue de Rennes. Je rêvasse. 

Quand ils me rejoignent, je sors suffisamment de mes songes pour m'entendre dire que nous allons continuer notre balade. J'allais acquiescer...

Mais au même moment, je lève la tête et change immédiatement d'avis : "Allez-y, je vous rattrape...". Je viens en effet de voir la tour Montparnasse, la tête perdue dans le nuage de brume formé par la pluie du matin. Trop beau !

Ça me rappelle Manhattan sous la pluie, avec ses buildings qui s'effacent comme par magie dans les vapeurs d'eau d'un ciel incertain. Comme à New-York, la photo est trop tentante. 

Profitant d'un feu rouge, je me plante au milieu de la rue et pose mon cadre. Quand les piétons passent devant moi, je souris et me réjouis d'avoir traversé l'océan en quelques secondes seulement... Je shoote !



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Un espoir dans la nuit

Un espoir dans la nuit

 

Paris. Décembre 2015. 

Au dernier étage des Galeries Lafayette, je bois un coup en attendant que la nuit tombe. Je suis avec mon amoureuse qui se languit d'aller voir les vitrines de Noël, et moi de photographier les enfants ébahis devant. 

Quand je me tourne, à travers la vitre, je vois Paris de haut qui se prépare pour la nuit. Les lampes s’allument à travers les fenêtres des immeubles Hausmanniens, l'enseigne des Galeries les accompagne et les derniers rayons du soleil tentent une dernière percée à travers les nuages.

Tout semble vouloir empêcher la Ville Lumière de sombrer dans le noir, comme pour sauver des abîmes de la nuit, les amoureux de la capitale, les passionnés des vitrines, les simples badauds ou encore les photographes haut perchés… Et ils ne sont pas les seuls ! 

Loin devant moi, dans mon cadre, j'aperçois la Tour Eiffel. Elle est si belle que pour nous éviter de nous lasser de sa beauté, elle brille de mille feux par intermittence.

Elle est si fière qu’une lueur qui porte à l'infini tourne sans cesse, tel un phare en bord de mer qui guide les naufragés, un repère qui permet à un gars comme moi de retrouver Paris, son port d'attache, même perdu aux confins du monde ! Je shoote !



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Manhattan sous la bannière

Manhattan sous la bannière

English version

 

New-York. Avril 2015.

Arrivé la veille à JFK, je ne connais de New-York que Manhattan, ses buildings sans fin, et sa population dense avec ses piétons qui vont et viennent sans jamais s'arrêter dans un brouhaha continu.

J'ai débarqué il y a peu ce matin sur Liberty Island pour admirer le chef d'oeuvre de Bartholdi et je découvre déjà une autre facette de cette ville étonnante.

Le calme règne, l'espace qui m'entoure est infini et le temps semble suspendu pour toujours.

Le soleil est au rendez-vous et ses rayons sculptent de jolis paysages comme pour souhaiter la bienvenue aux quelques touristes matinaux.

Je m'en donne à coeur joie avec mon appareil photo en faisant le tour de l'île. Je me trouve alors devant cette vue magnifique et dégagée de Manhattan. La lumière qui accentue les contrastes que j'aime tant ainsi que les jolis nuages éparses m'incitent à déclencher plusieurs fois. Pas mal...

Je suis attiré par un bruit au-dessus de moi. Je lève la tête et vois le drapeau américain qui flotte au gré des coups de vent. Je décide de l'inclure dans le cadre.

Une fois en place, je construis ma photo : au centre les touristes minuscules qui profitent du paysage, puis cet arbre sur ma gauche, le One World Trade Center qui domine les autres buildings, les nuages dans le ciel et la bannière qui, portée par une rafale, se tourne vers Manhattan et vient fermer le cadre. La boucle est bouclée, je shoote !

Manhattan under the flag

 

New-York. April 2015.

Arrived the day before in JFK, the only thing I know of New-York is Manhattan, its endless buildings, its very dense population, with its pedestrians coming and going without stopping by, in a continuous brouhaha.

I’ve just landed on Liberty Island to admire Bartholdi’s masterpiece and I already discover antother face of this stunning city.

Calmness reigns , the space around me is endless, time seemes suspended for ever.

The sun is shining, its rays carve nice landsacpes as to welcome early tourists.

I have a field day going around the island with my camera.

So I am facing this beautifull and clear view of Manhattan.

The light accentuating the contrasts, that I like so much, and these tiny scattered clouds  encourage me to shoot several times. Not to bad...

I am drawn by a noise above me , I look up and see the US flag fluttering in the wind. I step back in order to include it .

Once set , I build my shot : tiny tourists enjoying the view in center, and this tree on my left hand, The One Word Trade center overtaking the others buildings, the clouds in the sky, and the banner carried by a gust of wind now facing Manhattan brings the last piece ,completing my photo.

The circle has been closed. I shoot !

Translation : KMO



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Top of the World

Top of the World


New-York. Avril 2O15.


Je suis à 260 mètres au-dessus du sol, au 70ème étage de Top of the Rock. C'est tellement impressionnant que j'ai encore du mal à mettre des mots sur les sensations que j'ai ressenties là-haut.

En bas, il y a encore quelques minutes, j'étais tout petit au milieu d'une forêt de buildings tous plus hauts les uns que les autres. À Manhattan, la vie citadine est à son paroxysme. La chorégraphie des taxis, bus, vélo, piétons, qui rythme la vie des natifs et touristes est sans fin. Les feux de signalisation et les panneaux publicitaires éclairent cette discothèque urbaine à grande échelle. On participe malgré nous à cette danse oubliant parfois qu'il y a longtemps, la nature était seule chef d'orchestre ici. Là-haut, c'est tout l'oxygène du ciel que j'ai l'impression de respirer. La lumière qui a tant de mal à se faire un passage jusqu'en bas, transperce les nuages pour illuminer la big Apple. Devant moi, Central Park et ses hectares de verdures rappellent que la City n'a pas tout envahi et qu'ils doivent cohabiter.

Je cadre ce paysage urbain qui s'étend à perte de vue. J'ai l'impression de dominer le reste de la planète… Je ne suis pas au sommet du Rockfeller Center, je suis au sommet du monde ! Je shoote !



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Ombres et lumière

Ombres et lumière

 

Nîmes. Août 2012.

Une amie me fait visiter Nîmes, sa ville natale. Nous faisons une halte sur la terrasse de la médiathèque pour boire un coup.

J'essaie de lui tirer le portrait mais je sais, quand je déclenche, que ça ne donnera rien.

Quand son téléphone sonne, je m'éloigne, photographie les toits et encore une fois, je sais que les images seront fades.

Quand je passe de l'autre côté de la terrasse, je me régale de la Maison Carré, l'un des temples de la Rome antique les mieux conservés : le soleil presque au zénith et la blancheur de l'édifice accentuent les contrastes, un bonheur en noir et blanc... Mais bon, les photos de vieilles pierres, c'est pas mon truc, je laisse ça aux autres : dans 10 ans, si je passe par là, rien n'aura bougé, je serai vieux, et peut-être même que je ferai de la macrophotographie...

Je m'éloigne encore et quand je regarde en bas, juste en dessous... Wouaouuuuuu ! Je vois les ombres du poteau, de la pancarte et des passants alignés dans la même direction avec le contre jour reflété par les pavés : je vois l'ordre dans le désordre, je vois une belle photo en noir et blanc.

Je reprends mon appareil photo, je shoote !



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Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse (A. de Musset)

Qu'importe le flacon pourvu qu'on ait l'ivresse (A. de Musset)

 

Paris. Mars 2015.

Je suis debout depuis 06h30 ce matin car j'ai décidé la veille de profiter des premiers rayons du soleil parisien.

Malgré les quelques expressos avalés avant d'entrer dans le métro pour rejoindre Saint-Michel, il y a encore un peu de moi qui profite des bras de Morphée quand je commence ma balade. Avec la magnifique lumière qui commence à peindre sur les murs et les pavés parisiens la beauté de notre capitale, les rues presque désertes du Paris qui s'éveille et surtout... Ce silence... j'ai la sensation que je suis entre le monde onirique et celui de la vraie vie. C'est que du bonheur !

Après quelques photos de Notre Dame en bon touriste que je ne suis pas, je m'éloigne. L'air est frais car la cathédrale garde pour elle la chaleur des premiers rayons du soleil. Je ne dis rien, elle est là depuis plus longtemps que moi...

Quand je porte un dernier regard en arrière, je décide de prendre avec moi un souvenir de ce moment. Je cadre, sans oublier de mettre sur le photo cette péniche qui me rappelle que je suis saoul de bonheur d'être ici. Pour accentuer la sensation d'ivresse, je penche mon appareil photo et... Je shoote !



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#JeSuisCharlie

#JeSuisCharlie

 

Paris. Janvier 2015.

Tout à fait impressionnant ! Je n'ai jamais vu autant de monde réuni au même endroit.

On attend que la marche républicaine en direction de Nation débute, portés par les chants et les applaudissements. Les pancartes rappelant que nous sommes tous Charlie fleurissent autour de nous, ce 11 janvier 2015, comme pour annoncer que le printemps de la solidarité n'a pas de saison.

Après une courte averse, le manque de luminosité près du sol assombrit la foule... mais pas la République : le bras levé vers les cieux, elle est baignée des rayons du soleil tel un signe d'espoir pour nous rappeler qu'il faut rester dans la lumière.

Je demande à mon fils de me hisser sur ses épaules. Une fois là-haut, je m'arme de mon appareil photo tout aussi inoffensif que les crayons qui nous ont menés jusque-là.

Je cadre rapidement et, sans tuer personne, je suis Charlie et je shoote !



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Horatio in the clouds

Horatio in the clouds

 

Londres. Juin 2014. 

Après une courte visite au National Gallery, nous nous attardons à Trafalgar Square, que j'affectionne particulièrement pour tous ses symboles de liberté :

Une place surplombée par la statue de l'amiral Nelson, qui donna sa vie en remportant la bataille de Trafalgar.

Un lieu de rencontre où amis, passants et touristes se retrouvent, par hasard ou non.

Un espace connu pour ses rassemblements où la liberté d'expression est reine...

Et en plus, le parvis d'un musée - gratuit - qui offre à ses visiteurs les oeuvres d'artistes comme Da Vinci ou Van Gogh. J'adore !

Après plusieurs essais qui ne me satisfont pas, je vois la foule sur la place. J'ai l'agréable sensation que le monde est devant moi, à perte de vue et je remarque Nelson qui, la tête dans les nuages, peut porter son regard encore plus loin que moi. Je shoote !



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London eye

London Eye

Londres. Juin 2014.


Nous nous dirigeons vers le London Eye depuis Big Ben

Ce temps magnifique et la vue dégagée m'incitent à faire une photo de la grande roue. Je veux inclure dans l'image toutes ces jolies choses qui s'offrent à moi : le bateau qui passe, l'Oeil qui veille sur la Tamise, les cirrus effilochés par le vent qui donnent du dynamisme à la scène et les cumulus dispersés qui semblent poser sur un plateau de verre invisible.

Je compose, je shoote.



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Angle presque droit

Angle presque droit

Paris. Janvier 2013.

 

Quand Hervé vient nous rendre visite, nous improvisons une balade au Louvre.

Il doit être 20h00, la nuit est tombée et la neige recouvre les rues de Paris. Je prends plusieurs photos des pyramides illuminées et des passants. J'imagine qu'ils trouvent, comme moi, le spectacle aussi beau qu'original. C'est la première fois que j'y assiste.

Le grand édifice de verre règne sur la place, tout semble bien ordonné, bien carré...

"Mais pas tant que ça ! L'angle qui pointe vers le ciel n'est pas droit !"

Il est temps de révéler cette information capitale à la terre entière !

J'opte pour un cadrage penché et imagine déjà, le format carré qui mettra en avant ma découverte aux 4 coins... Du monde !

"Et puis ça mettra un peu de pagaille dans cet espace trop bien rangé !"

J'y inclue le reflet de l'édifice dans la fontaine et je shoote !



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Et chaque fois, les feuilles mortes...

Et chaque fois, les feuilles mortes...

Londres. Novembre 2012.

 

Nous repartons après déjeuner faire une ballade dans la capitale britannique.

Nous traversons Hyde Park. J'adore cet endroit. Un poumon dans la ville. J'ai l'impression quand j'y entre que quelqu'un referme la porte derrière moi pour atténuer les bruits de la vie citadine. Les allées sont si larges que, même quand les promeneurs affluent, on ne s'y sent pas oppressé.

Le temps est incertain... Un peu de soleil, un peu de pluie, un peu de soleil...

C'est pénible... Mais j'aime la lumière quand les rayons reviennent : elle perce les nuages, fait briller le bitume, habille les arbres de gouttelettes de diamant...

Quand je vois ce banc, la lumière qui traverse les nuages et les feuilles sur le sol, ça me rappelle la première fois où je suis venu à Londres. C'était il y a longtemps, en automne, et je me souviens m'être échoué ici dès mon arrivée. J'en avais profité pour regarder les passants, profiter du peu de soleil et me reposer. C'était bon !

Je décide d'arrêter le temps. Je cadre en prenant un point de vue près du sol pour mieux rendre compte de l'espace. La lumière vient caresser les feuilles mortes. L'allée se vide pour donner encore plus d'oxygène à la photo, je shoote.



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Aïe clouds

Aïe clouds

Mitry-Mory. Août 2012.

 

Je suis seul à la maison et je tourne en rond.

Il a plu une partie de la matinée, comme une partie du mois dernier, et je bougonne contre ce temps pourri, même en été, et je râle en pensant que, dans quelques jours, je pars en moto, sans l'assurance que le soleil m'accompagnera.

Je peste parce qu'il n'y a rien à la télé ni au cinéma et je suis en colère car tous mes potes sont occupés ou injoignables...

Bref, tout m'emmerde !

Et je vois ce rayon de soleil inattendu apparaître à ma fenêtre.

Je décide de prendre la voiture pour me rendre à Paris et boire un coup.

Je roule quelques centaines de mètres et le ciel se noircit de nouveau...

Grrrrrrrrrr ! Je râle encore tout seul, quand, sur le rond point avant de prendre l'autoroute, je vois un paysage électrique et chaotique alourdi par ces nuages sombres : on dirait ce qui se passe dans ma tête...

Je m'arrête comme je peux et je prends l'appareil photo.

Je cadre et je shoote.



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Big Ben in a cloud

Big Ben in a cloud

Londres. Juin 2014.

 

Nous sommes en fin d'après-midi. J'ai déjà une photo sympa de Big Ben prise il y a quelques années... Mais en couleur ! Alors aujourd'hui je vais ramener l'horloge en noir et blanc.

Comme on ne change pas une équipe qui gagne, je décide de cadrer de la même façon. Mais le panneau "Underground" - haut en couleurs et présent sur l'autre image - n'a plus de raison d'être cette fois-ci. Qu'à cela ne tienne, je cadre de manière à ne plus le faire apparaître ...

En contre plongée, avec ce joli nuage troué en guise d'accompagnement, je shoote !



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Les joggers de la Géode

Les joggers de la Géode.

Paris. Juillet 2013.

 

Nous faisons une croisière sur le canal de l'Ourq. En passant devant la Géode, je prends quelques clichés mais ça ne me plait pas.

Je me dis que ça serait rigolo de faire rouler cette grosse boule à travers Paris ! Je penche alors mon cadre pour forcer le destin et cette petite bêtise de rien du tout entraîne irrémédiablement ces joggers vers le bas de la pente. Je shoote !



CarCam est un artiste représenté par la

16 rue Sainte Anastase

75003 PARIS

France

Tél : +33 983232801